Une étude réalisée dernièrement par l’INSERM de l’Unité 1018, « centre de recherche en épidémiologie et santé des populations », démontre que le travail de nuit, qui nuit à la santé de tous les salariés quel que soit leur genre, expose les femmes à des risques de cancer du sein.
Cette étude(1) confirme les résultats trouvés par ailleurs et conforte la longue liste des problèmes engendrés par le travail de nuit(2) et des horaires atypiques.
Un tel bilan est sans appel, le travail de nuit est dangereux.
Cette étude est un nouvel appui pour toutes les revendications, qui sont portées par les militants ouvriers de la commune de Paris à nos jours, qui visent à améliorer le mieux être.
Le patronat s’est décomplexé sur le sujet, en particulier quand le législateur a tranché dans le sens d’une levée de l’interdiction du travail de nuit à l’égard des femmes, au nom du principe d’égalité de traitement. Pourtant, une autre solution était attendue et depuis fort longtemps, au nom de l’égalité professionnelle : l’interdiction du travail de nuit.
L’extension du travail de nuit est totalement en contradiction avec la volonté du législateur de voir s’améliorer l’articulation entre la vie professionnelle et les responsabilités familiales. A remarquer que la mise en œuvre du travail de nuit a été beaucoup plus rapide que celle de la loi sur « l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes ».
En 1900, un inspecteur du travail à Marseille, cité dans un Rapport sur l’interdiction du travail de nuit s’exprimait de la sorte : “La vie normale de la plante ne cesse-t-elle pas avec la lumière ? L’abeille butine-t-elle pendant la nuit ? La femme pas plus que l’homme ne sont des animaux nocturnes. Les animaux qui ont ce caractère sont organisés pour cela par la nature, et la nature a d’implacables lois, dont on ne peut sans péril se défendre” et propose la solution“Que le législateur pour éviter l’exploitation de l’ouvrier par le patron qui ne voit en lui qu’une machine à produire dont la santé et le bien-être importe peu, protège le faible”. http://www.cairn.info/revue-travail-genre-et-societes-2001-1-page-135.htm#retournoteno4.
Dans le commerce, le travail de nuit se développe, comme les fermetures de plus en plus tardives, dans les magasins, les entrepôts. Pourquoi, pour qui ? Les clients seraient des animaux nocturnes contrairement aux salariés du Commerce ?
Pourtant, il n’y a aucune nécessité de faire travailler les salariés du Commerce tard le soir et ou la nuit, contrairement à ceux des hôpitaux, des pompiers ou autres salariés des secteurs d’utilité sanitaire. Petite précision, pour éviter à certains contradicteurs de nous rétorquer l’imbécile argument « vous voulez tout fermer… et les hôpitaux…? ». Non mesdames et messieurs, nous attendons une véritable argumentation pour démontrer qu’il est souhaitable d’exposer des travailleurs à l’ensemble des risques listés(2). Ou peut-être qu’au nom de l’égalité professionnelle, il faille changer les hormones des hommes pour qu’ils aient aussi des cancers… restons raisonnables et acceptons les faits.
Comme le rappelle Pascal Guénel, principal auteur du travail réalisé dernièrement par l’INSERM(1) : « Nos travaux confortent les résultats d’études antérieures et posent le problème de la prise en compte du travail de nuit dans une optique de santé publique, d’autant que le nombre de femmes travaillant avec des horaires atypiques est en augmentation ».
Les salariés du Commerce souhaitent avoir une vie normale et ne pas être de plus en plus exclus de la société en travaillant de plus en plus tard, les jours fériés, le dimanche, la nuit…
C’est pour ces raisons que la Section fédérale du Commerce de la FEC FO, ses syndicats, ses militants se mobilisent et se mobiliseront pour défendre les intérêts des salariés comme dernièrement contre les nocturnes parisiennes du BHV et des Galeries Lafayette, contre les ouvertures illégales le dimanche de BRICORAMA, AUTOBACS et consorts…
Ces actions étant soutenues par les congressistes à Montpellier en 2011, par la Fédération des Employés et Cadres et relayées par des Unions Départementales, les revendications ne peuvent que progresser.
Nous nous battrons pour qu’un jour, nous nous reposions le dimanche, et que nous puissions jouir pleinement du fruit de notre travail. 8 heures de travail, 8 heures de loisirs, 8 heures de repos et comme nous sommes aux 35 heures, l’heure en trop de travail, on la répartit comme on le veut entre le repos et le sommeil !
(1).http://www.inserm.fr/espace-journalistes/le-travail-de-nuit-un-risque-pour-les-femmes
(2) Les problèmes reconnus par la médecine du travail sont :
- fatigue accrue, troubles du sommeil, risques de détérioration la vie familiale et sociales, troubles digestifs, risque d’accident plus élevé notamment liés à une baisse de vigilance augmentant le risque d’accident de trajet, risque accru de pathologies cardiovasculaires, risque indirect d’obésité, qui pourraient être induits par la fatigue, des troubles hormonaux et une alimentation perturbée ou augmentée, risque accru de symptômes végétatifs et/ou psychiques, risque augmenté de diabète et d’hypertension artérielle.
- risque augmenté de cancer du sein : sur la base d’études épidémiologiques, le Centre international de recherche sur le cancer (IARC/CIRC) a classé le travail de nuit posté comme « cancérogène probable » (probablement en raison d’une diminution de l’immunité) et à une insulino-résistance conséquentes à la perturbation de la synthèse de mélatonine par l’exposition à la lumière artificielle. La mélatonine est produite par la glande pinéale (ouépiphyse) et également produite (en très faible quantité, par la rétine).
Sources :
- WIKIPEDIA – travail de nuit
- Médecine du travail : « Le travail de nuit, encore un facteur de risque du cancer du sein. Quelles conséquences en tirer ? »
- « Les troubles du sommeil : effets conjoints de l’âge et du sexe, des horaires décalés et de quelques contraintes de travail (une analyse quantitative) ». Le Travail humain, 1999 Butat C. et Cosset M.
- « Le travail de nuit posté, cancérogène probable » [archive] (INRS)
- « Carcinogenicity of shift-work, painting, and fire-fighting«
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