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Propriétaire et directeur du supermarché du quartier depuis vingt ans, Sylvain Lamotte est forcé de rendre les clés de son entreprise lundi. Les employés sont sous le choc .
Le pot de terre contre le pot de fer. Voilà comment résumer en une simple expression ce dossier aussi ubuesque que complexe. Une affaire qui oppose le groupe Carrefour au directeur du supermarché Urdazuri, Sylvain Lamotte. Ex-directeur faudrait-il écrire, dans la mesure où le principal intéressé est forcé de rendre les clés de son entreprise. Telle est la décision du juge des référés du tribunal de commerce de Bayonne.
Lundi, le magasin d’alimentation du quartier Urdazuri sera fermé pour cause d’inventaire. Sylvain Lamotte en profitera pour faire ses derniers cartons. Et mardi, un nouveau directeur sera envoyé par le groupe Carrefour. Pas de quoi bouleverser les habitudes des clients, mais un sacré tremblement de terre pour les 40 salariés qui côtoyaient le directeur et sa femme depuis vingt ans.
Les contrats sont insensibles
« Les employés sont sous le choc. Mais ils n’y sont pour rien. L’essentiel, c’est qu’ils gardent leur emploi », souligne Sylvain Lamotte, fatigué après des années de procédure mais toujours combatif : « Je ne lâcherai pas. Carrefour m’a expulsé de mon propre magasin mais je compte bien revenir. »
Cinq procédures au tribunal arbitral « et beaucoup d’autres » au tribunal de commerce de Bayonne ou à la cour d’appel de Pau. De quoi alimenter un feuilleton judiciaire hallucinant. « C’est une tactique de Carrefour, qui a des moyens illimités. Les procédures au tribunal arbitral - une justice privée - sont très onéreuses (Sylvain Lamotte a déjà déboursé 300 000 euros de frais d’arbitrage sans compter les frais d’avocat, NDLR). Et surtout, elles sont confidentielles. C’est difficile de survivre à ce marathon », juge l’avocat de l’expulsé, Me Tessler.
À écouter ce spécialiste de la grande distribution, le cas de Sylvain Lamotte est certes caricatural, mais il n’est pas isolé : « Mon client n’a eu aucun choix, il a été totalement ficelé. »
Pour mieux comprendre ce dossier, il faut remonter aux années 1990. Fraîchement débarqué de la région parisienne, Sylvain Lamotte rachète le supermarché Champion d’Urdazuri et monte en même temps le magasin de bricolage Weldom. Mais les difficultés de ce dernier obligent le propriétaire à vendre une partie de ses parts à Promodes, qui possède la marque Champion.
Sylvain Lamotte ne possède alors plus que 50 % du fonds et des murs du supermarché. Promodes-Carrefour décide de développer la marque Carrefour Market en 2008. « J’avais le choix entre abandonner mon magasin et accompagner ce virage commercial. J’ai alors lancé des travaux d’agrandissement et de rénovation du magasin (de 980 m2 à 1 380 m2) », raconte le malheureux.
Une contre-attaque
Problème, Sylvain Lamotte se lance dans l’aventure sans avoir toutes les garanties bancaires. Carrefour est au courant de ses difficultés et lui assure son soutien de principe. « J’étais certain que j’allais trouver des solutions avant la fin des travaux. Je me suis arrangé avec Carrefour pour ne pas payer leurs marchandises le temps de refaire de la trésorerie. » Une façon de se passer les menottes.
Le changement de marque n’apporte pas les résultats escomptés et le chiffre d’affaires plafonne. Pressé par Carrefour, le propriétaire décide de vendre à bas prix ses 50 % au groupe en ayant la certitude de les racheter le plus vite possible : « On avait un accord de confiance. » Mais les contrats sont aveugles et se fichent de la parole donnée. Sylvain Lamotte ne pouvant pas racheter ses parts aux conditions demandées par Carrefour, il est poussé vers la porte sortie. « Ils m’ont dit, c’est fini, tu as tout perdu. » La mise sous protection du tribunal de commerce ne change rien : après vingt ans passés à la tête de son magasin, il doit partir. Sonné mais debout.
« D’autres procédures sont en cours et je compte bien récupérer mon bien. » En attendant, il a décidé d’ouvrir son propre magasin d’alimentation à la place de l’ancien Weldom. Le permis de construire a été accepté. Le pot de terre n’a pas dit son dernier mot.
L’avocat de Carrefour a été contacté hier mais ne s’est pas encore exprimé sur le sujet.
Source : Sud Ouest
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COMMUNIQUÉ DATÉ DU VENDREDI 8 FÉVRIER 2013
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