Le repos dominical a toujours fait partie des préoccupations ouvrières, pour des raisons religieuses parfois, mais aussi
parce qu'il était une soupape indispensable lorsque les journées de travail étaient interminables. On sait l'attachement que portent Marcel Barrois et l'association « Mémoires et
Cultures de la Région minière » aux très riches archives que détient la Maison Syndicale.
Retour en arrière
André Démarez, journaliste honoraire, aime les compulser et il a mis la main sur un numéro clandestin de « La Voix
des Mineurs », une petite feuille ronéotypé et distribuée sous le manteau en 1941 qui évoque le travail du dimanche.
Revenons en arrière pour mieux comprendre les faits. La profession minière dans son ensemble a mené en mai-juin 41, une
grève très importante avec plus de 65 000 mineurs participants rien que dans le Pas-de-Calais qui faisait alors partie de la zone interdite.
La baisse de la production qui en a résulté a rendu les occupants fous de rage et le général Niehoff voulait imposer le
travail du dimanche afin de rattraper les quotas. C'est devant cette situation que Cyprien Quinet et Nestor Calonne ont signé pour le bureau illégal du syndicat des mineurs ce tract dont nous
vous donnons des extraits.
Le style est celui de combattants qui n'ont pas à ménager leurs adversaires. « ... Les compagnies minières, pour
satisfaire aux exigences de leur maître Hitler s'apprêtent à nouveau à vous faire travailler demain dimanche. Mineurs ! Plus un morceau de charbon le dimanche. Vous avez démontré que malgré
les boches et les nazillons de Vichy, la grève est possible, et que vos revendications peuvent aboutir quand vous passez à l'action.... Aussi, refusez de travailler le dimanche. Dès votre
arrivée au fond, organisez de larges comités de grève, établissez des cahiers de revendication, faites les parvenir à la direction... Pour la libération de tous vos camarades emprisonnés,
pour la journée de repos tous les dimanches, pour de véritables mesures de sécurité... Mineurs du Nord-Pas de Calais en avant ! plus une gaillette de charbon le dimanche... » Dans
le contexte répressif qui a suivi la grève (des centaines d'arrestations, les premiers déportés en Allemagne), il fallait du courage et de la détermination pour afficher une telle attitude
qui fut payante, puisque les allemands devant cette menace rapportèrent leur décision.
Cette contribution historique met l'accent une fois de plus sur le fonds d'archives très important de la Maison syndicale.
Il permet aussi de se rendre compte que le travail du dimanche a toujours été d'une actualité brûlante. •
JACQUES DELIGNE (CLP
Source: Fecfocommerce.fr