15 mai 1891
Vatican
Le Vatican publie l’encyclique Rerum Novarum du pape Léon XIII. Elle fixe la doctrine sociale de l’Église.
Elle constitue le texte inaugural de la doctrine sociale de l'Église catholique.
On peut y lire:
« Il y aura toujours entre les citoyens des inégalités de conditions sans lesquelles une société ne peut exister ni être conçue »ou« le travail est une nécessité, imposée comme une expiation et accompagnée de souffrances ».
S'inspirant des réflexions (notamment les travaux de l'union de Fribourg) et de l'action des chrétiens « sociaux », l'encyclique, écrite face à la montée de la lutte des classes, condamne «la misère et la pauvreté qui pèsent injustement sur la majeure partie de la classe ouvrière » tout autant que le « socialisme athée ».
Elle dénonce également les «excès» du capitalisme et encourage de ce fait le syndicalisme chrétien et le catholicisme social contre les progrès du syndicalisme lutte des classes et du socialisme.
L’encyclique est à l’origine de la fondation de syndicats et de partis chrétiens, comme la CFTC en France.
Parallèlement elle est aussi à l’origine de la doctrine politique et sociale corporatiste. Le corporatisme est la défense d'une organisation économique, sociale, voire politique, reposant sur des corporations professionnelles.
Elle est apparue à la fin du XIXe siècle dans les milieux chrétiens « sociaux » en recherche d'une « troisième voie » socio-économique, entre le capitalisme libéral et les idéologies révolutionnaires (marxisme, anarchisme, etc.).
L'idéologie corporatiste a connu une grande vogue dans les années 1930, permettant de faire la synthèse de plusieurs mouvements d'apparence divergente : Le néo-traditionalisme prôné par l'extrême droite (Action française, Jeune droite, les non-conformistes des années 30, la Phalange nationale au Chili, le néo-socialisme en France, le planisme d’Henri de Man en Belgique, etc.).
Il s'agit là de renouer avec une société organique, dans laquelle les individus ne sont plus des nomades isolés et concurrents, comme dans le libéralisme, mais les composants d’un seul corps dont chacun a sa place et un rôle à jouer pour le bien de l'ensemble.
Les syndicats deviennent ainsi des « corps intermédiaires » destinés à jouer un rôle de modération, d’encadrement des salariés et de transmission de la bonne parole gouvernementale et patronale qui œuvre pour le « bien commun ».
Parmi les mouvements corporatistes et non-conformistes, beaucoup se sont rapprochés, temporairement ou non, de certaines formes de fascisme.
Un certain nombre ont été en France des soutiens du Régime de Vichy qui prônait ouvertement ce mode d'organisation de la société, mise en œuvre dans la «Charte du Travail ».
C’est en Italie, avec la Chambre des Corporations de Mussolini, au Portugal avec Salazar, en Allemagne avec le « Front du Travail » d’Hitler, que ces théories ont connu leurs principaux développements.
Par la suite, ces préceptes ont encore été utilisés par le général de Gaulle pour son « Association Capital-Travail », (la «participation des travailleurs à la gestion»), et sa tentative de création en 1969 d’un sénat socio-professionnel.
Les partisans du corporatisme social et de la doctrine sociale de l’Eglise dont il est issu, après avoir transité par le Mouvement Républicain Populaire après la Libération, un certain nombre de clubs, dont le club Jean Moulin, se retrouvent aujourd’hui, tant à droite qu’à gauche, notamment pour la France, au parti socialiste et à la CFDT.
L'"autogestion" prônée par la CFDT est directement inspirée par cette doctrine.
Le mouvement « En marche » d’Emmanuel Macron, un disciple d’Emmanuel Mounier, (l’un des partisans de la doctrine sociale de l’Eglise), apparaît comme une recherche de synthèse entre ces différents mouvements corporatistes de droite et de gauche, pour une plus grande efficacité.