File d'attente de sans-travail devant la soupe populaire de la rue Réaumur, à Paris ; agence Meurisse ; 1921 - Gallica BnF
- EN 1910, LA PRESSE SE PENCHE SUR UN MAL QUI NE CESSE DE CROÎTRE DANS LES PAYS INDUSTRIELS : LE CHÔMAGE.
- À PARIS, LE 20 SEPTEMBRE, DES SPÉCIALISTES RÉUNIS EN CONGRÈS PROPOSENT LA CRÉATION D'UNE ASSURANCE CHÔMAGE.
Le 18 septembre 1910, se réunit pour la première fois à Paris, entre les murs de la Sorbonne, un congrès international auquel participent les délégués de 27 nations.
Il s'agit de discuter d'un fléau qui, depuis les années 1890, a pris de l'ampleur dans les sociétés industrielles : le chômage.

"Nous n'avons pas, comme à Londres, une armée de « sans-travail ».

"Pour l'homme valide, à qui le travail manque, la loi et l'initiative privée n'ont rien ou à peu près rien fait ; si méritoires dans tous les cas que puissent être les tentatives de certaines associations et, de quelques municipalités, elles ont été insuffisantes.

"En attendant, et pour longtemps, il y aura des chômeurs. […]
Une question revient sans cesse :
- Comment faire diminuer le chômage, ce mal aux racines vastes et complexes ?
"Il ne faut pas espérer lutter contre les machines qui constituent l'outillage indispensable de la production moderne ; c'est peut-être dans la réduction des heures de travail [...] qu'on pourra trouver un remède au chômage."
Le 20 septembre, le congrès propose la création d'une assurance chômage, visant à compenser la perte de salaire des assurés privés de leur emploi, que l’État prendrait en charge et qui serait valable pour tous (un « Office du travail » existe déjà depuis 1891, contrôlant les caisses syndicales et patronales d'indemnisation ; mais celles-ci sont organisées par métier et tous ne sont pas concernés).
Certains sont sceptiques devant cette innovation.

"Il faut encore que les intéressés s’aident eux-mêmes et que leur initiative, le sentiment de leur responsabilité, le souci de leurs devoirs soient avivés et non pas affaiblis.
Le régime d'assurance chômage naîtra finalement quarante ans plus tard, le 31 décembre 1958.


Note:
Déjà en 1910, la réduction du temps de travail faisait partie des reflexions pour le partage du travail, et la lutte contre le chômage.
Déjà en 1910, le patronat, et ses affidés rendaient l'ouvrier responsable de son état de chômeur et du chômage, trouvant aberrant l'éventualité du versement d'aides (appelées providence).
Déjà en 1909, un sénateur, E. Tournon, fustigeait les lois sociales qu'il accusait de couler l'industrie, tout comme les patrons avaient à l'époque de l'interdiction du travail des enfants dénoncés une loi faite pour couler les entreprises, eux qui continuaient de rêver aux temps bénis, pas si lointain, de l'esclavage.
Tout cela ne vous rappelle t'il rien, qui nous renvoie aux discours du Medef sur le poids écrasant des cotisations sociales, du salaire différé qu'il convient d'éradiquer, des droits sociaux exorbitants qui sont autant de freins à l'emploi, aux positionnements des libéraux qui dictent les lois antisociales, qui paupérisent et précarisent les ouvriers.....
Les temps ont -ils changé? Réellement ?
Le patronat continue et continuera inlassablement de rogner sur nos vies, et de nous ôter des droits chèrement acquis, qu'il nous faut non seulement défendre, mais reconquérir, et en revendisuer de nouveaux.
(BM)
Blog publication, le 20 septembre 2017, modifié et mis à jour le 20 septembre 2018, 10H55
