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  • : La Bataille continue - Le Blog-note InFOrmatif - Un blog d'actualités sociales, juridiques et syndicales pour communiquer, faire connaître et partager nos expériences au service des salariés de la grande distribution et du commerce. En général faire valoir les positions syndicales de FO sur l'actualité sociale, tant Française qu'Internationale.
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« Esclave est le prolétaire, esclave entre tous est la femme du prolétaire. »

« Esclave est le prolétaire, esclave entre tous est la femme du prolétaire. »

Le 09 janvier 1905

Mort de Louise Michel

 

Son action lors de la Commune et son engagement sous la IIIe République firent de Louise Michel une personnalité marquante. Son souvenir ne devrait pas être près de s’éteindre en tout syndicaliste responsable, même si les médias en général ne font guère cas du centième anniversaire de sa mort, le 9 janvier 1905 à Marseille.

 

Appelée la Vierge rouge, elle a symbolisé l’émancipation du prolétariat.

Son patronyme prestigieux reste pour toujours une figure de légende grâce à son âpre combat durant la Commune de paris en 1871. Tutoyant la mort, elle brava l’autorité avec un courage clairvoyant pour le succès de la justice sociale.

 

 

Aussi, c’est dans les moments les plus tragiques de l’histoire des travailleurs français que Louise Michel révéla ses qualités uniques –de vaillance, de désintéressement–, qui consacrent une personnalité attrayante et singulière à la fois.

La profondeur de ses convictions, son ardeur et sa conscience en font à coup sûr l’une des femmes révolutionnaires les plus illustres du mouvement ouvrier du XIXe siècle.

 

Au château de Vroncourt (Haute-Marne), une jeune servante, Marianne Michel, met au monde, le 29 mai 1830, Clémence Louise, l’enfant que le maître des lieux lui a fait, illégitimement bien sûr. Le père, avocat au Parlement, est bon et politiquement progressiste et humaniste.

 

 

Paradoxalement, son épouse, une forte en thème, ne lui tient pas rigueur de ses amours ancillaires. La petite Louise est entourée affectueusement, appelle l’un et l’autre grand-père et grand-mère.

 

Ainsi, Louise est élevée dans le culte des philosophes des Lumières. Voltaire et Diderot font d’elle une athée et une matérialiste, Rousseau une libertaire éprise de justice.

 

Elle devient institutrice libre, refusant de prêter serment à l’Empire, puis monte à Paris. Elle apparaît dès lors comme une idéaliste passionnée, poète, rêvant de la révolution sociale. Bâtarde, elle garde une très vive conscience de l’aliénation de la femme : « Esclave est le prolétaire, esclave entre tous est la femme du prolétaire. »

 

 

 

Des idées, Louise passe à l’action comme membre du comité de vigilance, dont le but était de sauvegarder la République. Puis, comme orateur, elle exerce sur les masses ouvrières une réelle influence par une parole simple et chaleureuse.

 

 

Le 22 janvier 1871, elle participe à la Commune arme à la main, en uniforme, elle sert comme ambulancière avec un mépris entier du danger et de la mort.

 

 

Après l’écrasement sanglant organisé par Thiers et les Versaillais, elle est condamnée à huit ans de prison dont six de déportation en Nouvelle-Calédonie.

 

 

À son retour, elle s’affirme anarchiste, rejetant toute forme d’autorité et de servitude humaine. Elle œuvre pour la réalisation d’une société où la liberté individuelle et la dignité des personnes seraient respectées. De conférences en manifestations interdites, de 1880 jusqu’à sa mort, elle est emprisonnée à cinq reprises.

 

Victor Hugo

Laissons Victor Hugo lui rendre hommage :

 

Et ceux qui comme moi te savent incapable
De tout ce qui n’est pas héroïsme et vertu.
Qui savent que si l’on te disait : « D’où viens-tu ? »
Tu répondrais : « Je viens de la nuit où l’on souffre :
Oui, je suis du devoir dont vous faites un gouffre ! »
Ceux qui savent tes vers mystérieux et doux.
Tes jours, tes nuits, tes soins, tes pleurs donnés à tous.
Ton oubli de toi-même à secourir les autres.*

 

Sachons enfin que c’est à Louise Michel que Jean-Baptiste Clément a dédié Le Temps des cerises, le 28 mai 1871.

*Viro Major, décembre 1871, extraits.

 

 

Article de Gérard Mazuir, paru dans FO Hebdo n°2700.


Viro Major

 

Ayant vu le massacre immense, le combat
Le peuple sur sa croix, Paris sur son grabat,
La pitié formidable était dans tes paroles.
Tu faisais ce que font les grandes âmes folles
Et, lasse de lutter, de rêver de souffrir,
Tu disais : " j'ai tué ! " car tu voulais mourir.
Tu mentais contre toi, terrible et surhumaine.
Judith la sombre juive, Aria la romaine
Eussent battu des mains pendant que tu parlais.
Tu disais aux greniers : " J'ai brûlé les palais !"
Tu glorifiait ceux qu'on écrase et qu'on foule.
Tu criais : " J'ai tué ! Qu'on me tue ! - Et la foule
Écoutait cette femme altière s'accuser.
Tu semblais envoyer au sépulcre un baiser ;
Ton œil fixe pesait sur les juges livides ;
Et tu songeais pareille aux graves Euménides.
La pâle mort était debout derrière toi.
Toute la vaste salle était pleine d'effroi.
Car le peuple saignant hait la guerre civile.
Dehors on entendait la rumeur de la ville.
Cette femme écoutait la vie aux bruits confus
D'en haut, dans l'attitude austère du refus.
Elle n'avait pas l'air de comprendre autre chose
Qu'un pilori dressé pour une apothéose ;
Et, trouvant l'affront noble et le supplice beau
Sinistre, elle hâtait le pas vers le tombeau
Les juges murmuraient : " Qu'elle meure ! C'est juste
Elle est infâme - A moins qu'elle ne soit Auguste "
Disait leur conscience. Et les jugent, pensifs
Devant oui, devant non, comme entre deux récifs
Hésitaient, regardant la sévère coupable.
Et ceux qui, comme moi, te savent incapable
De tout ce qui n'est pas héroïsme et vertu,
Qui savent que si l'on te disait : " D’où viens tu ? "
Tu répondrais : " Je viens de la nuit ou l'on souffre ;
Oui, je sors du devoir dont vous faites un gouffre !
Ceux qui savent tes vers mystérieux et doux,
Tes jours, tes nuits, tes soins, tes pleurs donnés à tous,
Ton oubli de toi-même à secourir les autres,
Ta parole semblable aux flammes des apôtres ;
Ceux qui savent le toit sans feu, sans air, sans pain
Le lit de sangle avec la table de sapin
Ta bonté, ta fierté de femme populaire.
L'âpre attendrissement qui dors sous ta colère
Ton long regard de haine à tous les inhumains
Et les pieds des enfants réchauffés dans tes mains ;
Ceux-la, femme, devant ta majesté farouche
Méditaient, et malgré l'amer pli de ta bouche
Malgré le maudisseur qui, s'acharnant sur toi
Te jetai tout les cris indignés de la loi
Malgré ta voix fatale et haute qui t'accuse
Voyaient resplendir l'ange à travers la méduse.
Tu fus haute, et semblas étrange en ces débats ;
Car, chétifs comme tous les vivants d'ici-bas,
Rien ne les trouble plus que deux âmes mêlées
Que le divin chaos des choses étoilées
Aperçu tout au fond d'un grand cœur inclément
Et qu'un rayonnement vu dans un flamboiement.

 

Victor HUGO
Décembre 1871
Sur Louise MICHEL

 

Dédiée aux femmes gilets jaunes, smicardes, rmistes, travailleuses, chômeuses, retraitées de misère, des ronds-points de France et d'ailleurs...
 

09 janvier 1905  Mort de Louise Michel
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