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Carrefour déroule son plan pour les hypers, les syndicats inquiets
PARIS - (Reuters)
Carrefour a présenté vendredi dernier son plan d'action pour ses hypermarchés français en 2019, qui passe notamment par de nouvelles mises en location-gérance et des suppressions de rayons, suscitant l'inquiétude des syndicats.
Le distributeur français doit impérativement redresser la barre de ces très grands formats qui comptent pour près de 25% de son chiffre d'affaires et dont les contre-performances plombent sa rentabilité.
Dans le cadre de son plan de relance présenté il y a un an, le PDG du groupe, Alexandre Bompard, avait déjà annoncé des réductions de surfaces - les rayons non alimentaires souffrant de la concurrence des enseignes spécialisées et du commerce en ligne - un meilleur assortiment alimentaire avec davantage de produits bio et des passages en franchises pour les magasins les plus déficitaires.
Pour 2019, sa feuille de route va consister à poursuivre la réduction des surfaces non alimentaires pour les réallouer notamment au e-commerce, avec l'ouverture de nouveaux "drive", selon un document mis en ligne sur son site par la CGT, que nous citons ici.
Huit ouvertures de "drive" sont prévues cette année tandis que 67 de ces points de retrait de courses commandées en ligne seront agrandis.
Par ailleurs, 10 magasins devraient passer en location-gérance, en plus des cinq déjà passés en franchise en 2018.
Les services de livraison à domicile devront être dopés, avec un objectif de 90 hypermarchés capables de les offrir d'ici la fin de l'année, sur un total d'environ 230, tandis que le développement des nouvelles technologies devrait permettre d'installer des caisses automatiques dans environ 200 magasins.
Au sein des rayons alimentaires, le bio et le frais devront être privilégiés tandis que pour le non alimentaire, trois "corners" Darty devraient voir le jour et que certains rayons devraient être supprimés, comme la bijouterie.
Une dizaine de magasins de déstockage (outlets des invendus devraient ouvrir aussi cette année, en plus des 11 déjà existants.
Concernant le personnel d'encadrement, le groupe estime qu'il y a "trop de managers dans certains magasins", selon les syndicats, qui dénoncent "un plan "catastrophique pour l'emploi".
Interrogé, Carrefour s'est refusé à tout commentaire, indiquant simplement que le groupe était en train de négocier un plan de "gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences (GEPC) pour que les salariés puissent s'inscrire dans le plan de transformation" décidé par Alexandre Bompard.
Sourcing : Pascale Denis, édité par Bertrand Boucey, in l'Humanité
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Les syndicats redoutent une saignée chez Carrefour
L’enseigne de grande distribution a annoncé vendredi la poursuite de son plan de restructuration, avec des suppressions de rayons et d’emplois à la clé.
Un an après son arrivée à la tête de Carrefour, Alexandre Bompard n’en a pas fini avec son plan de « transformation » de l’enseigne de grande distribution.
Après avoir supprimé 2 000 emplois au siège du groupe et 1 400 postes via la cession ou la fermeture de magasins de proximité ex-Dia l’an dernier, le plus gros employeur du secteur privé a annoncé vendredi en comité central d’entreprise une restructuration d’ampleur de ses hypermarchés.
Recentrage sur l’alimentaire, augmentation du recours aux caisses automatiques, passage de nouveaux magasins en location-gérance et extension du travail dominical seraient notamment à l’ordre du jour.
- Les OS ont immédiatement dénoncé une « boucherie sociale » à venir.
Les rayons photo, bijouterie et gros électroménager devraient tout simplement disparaître des hypers et les postes de vendeurs multimédia seraient supprimés « dans une vingtaine de magasins ». Les rayons culture et multimédia seraient ainsi remplacés par des corners Fnac Darty. Une dizaine d’hypers devraient aussi voir leurs rayons charcuterie, poissonnerie, traiteur passer en libre-service.
Cinquante stations-service seraient converties à un système complètement automatisé, plus de 200 magasins seraient équipés de caisses automatiques et 168 avec développement des scanettes.
Le nombre de cadres serait diminué de moitié dans les établissements comptant 25 à 30 salariés dans cette catégorie de personnel. Une vingtaine de magasins céderaient leur surface de vente, tandis qu’une dizaine d’entre eux passeraient en location-gérance.
Des mesures en ligne avec la stratégie qu’avait déjà dessinée Alexandre Bompard il y a un an.
« Le non-alimentaire (…) est à mes yeux une source de valeur significative, mais hétérogène », avait-il alors déclaré, projetant des partenariats avec la Fnac et Darty.
Ex-PDG de la Fnac, Alexandre Bompard avait déjà œuvré pour la fusion avec Darty, avant d’entamer le rapprochement de ces enseignes avec Carrefour en prenant la tête de l’entreprise de grande distribution, par le biais de la mutualisation des achats de gros électroménager avec son ancien groupe.
Des travailleurs handicapés à l’avenir incertain
Si l’impact social de ces transformations devrait être massif, la direction n’aurait pas annoncé de suppressions de postes chiffrées ni les mesures qu’elle comptait mettre en place pour l’accompagnement des salariés concernés.
« Tout a été renvoyé à la négociation Gpec (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences – NDLR) en cours », affirment tant FO syndicat majoritaire qu'Olivier Ginestar, délégué syndical central CGT Carrefour hypermarchés.
« Carrefour nous dit qu’ils accompagneront tous les salariés, mais on sait déjà que tout le monde ne sera pas reclassé » estiment les syndicats.
Les syndicalistes redoutent notamment la suppression des emplois en station-service. « Ces postes sont déjà utilisés pour reclasser des salariés qui ont des problèmes de santé ».
D’après lui, ces employés handicapés pourraient difficilement être reclassés sur d’autres postes dans les hypermarchés, et se retrouveraient de fait « obligés d’accepter un départ volontaire ».
Pour l’instant, les mesures du plan Bompard n’ont en tout cas pas relancé la machine :
Le groupe Carrefour a accusé un recul de 3 % de son chiffre d’affaires au premier semestre 2018.
Sourcing: Loan Nguyen, in l'Humanité
La grande distribution ne fait plus recette
- Hypermarchés déficitaires, transformation des modes de consommation, révolution numérique : la grande distribution se trouve à un tournant historique et c’est la société de consommation qui se voit remise en question.
Au point que cette puissante industrie fait désormais face à une menace nouvelle : les alternatives citoyennes.
C’est la fin d’une époque, un basculement historique.
Casino a été le premier à esquisser le mouvement, en vendant des mètres carrés de surface pour décroître en douceur, à contre-pied d’une course au gigantisme qui redessine le paysage français depuis quarante ans.
Les mastodontes ont suivi, bon gré mal gré, depuis deux ou trois ans.
- Carrefour a tranché dans le vif sans ménagement en 2018 en supprimant 7 500 emplois.
« L’ogre Leclerc vacille », frémissaient Les Échos en octobre, que nous citons ici, alors que le fragile leader du marché se fait grignoter ses plates-bandes par sa concurrence.
« Nous sommes dans une période de révolution radicale, résume Philippe Moati, économiste et cofondateur de l’Observatoire société et consommation (Obsoco). La mort vient lentement, on ne la voit pas arriver, mais il commence à faire très chaud chez les dirigeants de la grande distribution. Ils sont en panique. »
Un constat est en effet partagé : les hypermarchés n’ont plus la cote. La tendance est au drive, au manger local et aux réseaux de producteurs. Et les profits de la grande distribution diminuent, ce qui fait craindre aux enseignes une remise en cause profonde de leur modèle.
Carrefour a vu ses bénéfices fondre de 25 % en 2017, ce qui a conduit son nouveau patron, Alexandre Bompard, à briser le tabou : oui, les grandes surfaces s’essoufflent.
L’époque où les enseignes conservaient les magasins déficitaires pour gagner du volume et négocier au plus serré avec leurs fournisseurs est révolue.
Les difficultés des hypermarchés traduisent une évolution des habitudes de consommation qui reste ténue en termes de chiffres de vente mais devient spectaculaire dans les études d’opinion : 14 % des Français auraient fait le choix de la « frugalité », estime le Crédoc, et la part de ceux ayant réalisé des économies en réduisant leur consommation a doublé en trois ans, pour atteindre 53 %. « L’idée même de commerce commence à être discutée, souligne Philippe Moati, cité dans cet article.
La grande distribution, qui nous vient du monde d’hier, est forcée de se réinventer. Et avec elle le vieux capitalisme, quand il fallait produire en masse pour consommer en masse. Les comportements sont aujourd’hui individualisés, les marchés sont fragmentés en différents créneaux. »
Cette évolution a un fort impact sur la stratégie des enseignes. Puisque l’heure, depuis quelques années, est au manger local, au bon et au bio, la grande distribution s’y engouffre avec gourmandise et enregistre une croissance importante sur les produits des PME locales.
Outre un intérêt en termes de marketing, les enseignes réalisent plus de marge sur ces produits qu’avec les grandes marques, qui négocient au plus serré car elles se savent indispensables en raison de leur renommée.
Par ailleurs, le prix des produits locaux peut varier sans que le consommateur en ait conscience. Dans le jargon du métier, on dit que « l’image prix » d’une bouteille de Coca-Cola est connue du consommateur, mais pas celle du saucisson de producteur.
« Ça permet de noyer un peu le poisson et de faire des marges supplémentaires sur des produits haut de gamme pour rééquilibrer les finances », décrypte un commercial.
Sourcing: Politis
Le plan de sauvetage des hypers Carrefour;
(d'après un article paru dans le magazine Linéaires, que nous citons ici)
Carrefour n'y va plus par quatre chemins pour redresser la rentabilité de ses hypermarchés français. Il abandonne le gros électroménager et la bijouterie, poursuit les transferts en location-gérance et va tester trois concepts de combat pour ses sites en difficulté. Les infos de Linéaires.
Le plan que la direction a dévoilé en interne (relayé par les syndicats) est d'abord un plan d'économies. Parce que le non alimentaire représente à lui seul 68% de la perte de chiffre d'affaires des hypers, c'est là que les arbitrages sont les plus violents.
- À terme, tous les rayons gros électroménager, photo et bijouterie gérés par Carrefour seront fermés. L'assortiment du bazar, lui, sera réduit de 30%.
- Dès cette année, dans une quinzaine de petits hypers (moins de 8000 mètres carrés), l'univers électro-photo-ciné-son n'aura plus de vendeurs et passera en tout libre-service.
Carrefour préfère s'en remettre aux enseignes spécialisées pour faire tourner ces rayons. Le test avec Darty (deux shops-in-shop ouverts en franchise) sera étendu cette année à trois sites supplémentaires. Une expérimentation similaire sera conduite avec la Fnac. Dans des magasins où la création d'un corner Darty n'est pas possible, Carrefour envisage de tester un partenariat en marque blanche (approvisionnement auprès de Darty, sans mettre en avant l'enseigne spécialisée).
Une nouvelle filière d'appro pour les outlets
En non alimentaire, Carrefour concentre désormais ses efforts sur d'autres concepts. À commencer par les outlets. Ils sont apparus en France en 2018 afin de centraliser les invendus non-al des magasins et les brader. 11 sites ont été ouverts l'an dernier, sur 500 à 1500 mètres carrés, à l'intérieur même des hypers.
Face au succès remporté, Carrefour a programmé la création d'une dizaine d'outlets supplémentaires cette année, en s'appuyant cette fois sur une centrale d'achats pour négocier des "opportunités" (les stocks morts des magasins ne suffisant plus à assurer les approvisionnements).
Carrefour va également expérimenter en 2019 deux nouveaux rayons jugés prometteurs : une animalerie à Chartres (28) et un univers "beauté plurielle" à Carré Sénart (77), incluant la santé et la parapharmacie. La jardinerie testée à Bourges (18), elle, s'était avérée décevante l'an dernier, au point que le distributeur envisageait, ici aussi, de s'appuyer sur une enseigne spécialisée.
Les concepts "Essentiel", "Rebonds" et "Next"
Une part significative du parc d'hypermarchés, on le sait, ne va pas bien. A tel point que des mesures de sauvetage sont envisagées pour un quart à un tiers du réseau intégré.
Le transfert en location-gérance de 5 hypermarchés en 2018, d'abord, n'était qu'une première étape. 10 ou 11 hypers supplémentaires, en grande difficulté, passeront aussi aux mains d'un commerçant indépendant cette année. Les repreneurs, dans la plupart des cas, seront des directeurs de magasins Carrefour, a annoncé le distributeur (sans communiquer la liste des sites concernés).
De nouveaux concepts de combat, également, vont être expérimentés cette année.
Le modèle "Essentiel", d'abord, est purement low cost. Le site pilote d'Avignon (84) va se transformer en hyper à vocation discount : des prix bas, de la marchandise sur racks, une offre basique en PGC et la zone marché en tout LS. Carrefour espère sauver une dizaine d'hypermarchés avec ce concept. Géant Casino et Auchan, pour mémoire, s'y sont déjà essayés sans succès en 2005 puis 2010. Et... Carrefour également, en 2004, avec un test à l'époque sur Hyper Champion.
Le modèle "Rebonds", lui, s'inspire directement des méthodes de relance des indépendants qui reprennent un site à problèmes.
En clair : une plus grande autonomie sera laissée au directeur de l'hyper, dont la mission principale sera de redresser le résultat opérationnel courant. 40 magasins, dans le parc Carrefour, ont urgemment besoin d'une telle remontée. 5 sites pilotes vont essuyer les plâtres cette année.
4 hypermarchés, enfin, vont tester le concept baptisé "Next". Il s'agit cette fois de réorienter les magasins vers une vocation essentiellement alimentaire. Les surfaces seront réduites et une offre de restauration dans l'hyper fera son apparition. Dijon Toison d'Or (21) donnera à voir les premiers contours de ce nouveau modèle.
Sourcing: B. Merlaud, in Linéaires
FO Carrefour
Les délégués FO Carrefour étaient réunis cette semaine en AG annuelle.
Ils ont échangé sur la situation, le présent et l'avenir. Ils sont aussi revenus sur les mouvements sociaux de 2018, qui ont vu des débrayages, des grèves plus longues, notamment dans la logistique, dans les petits magasins de la proxi, des manifestations massives, dont un grand rassemblement de plus de 2 000 salariés devant le siège du groupe à Massy.
Ces mouvements sociaux, de toutes les BU, ont permis d'établir un rapport de force important, ce qui a donné lieu à l'amélioration conséquente des mesures adoptées lors des négociations que ce soit sur le PSE ou le PDV.
Lors de l'AG, des experts sont intervenus, pour disséquer, expliquer, analyser les différents projets de la direction.
Ont été abordés de nombreux sujets qui préoccupent l'ensemble des salariés du groupe.
FO n'est pas comme certain(s) syndicat(s) qui, plutôt que d'expliquer ce que veut mettre en place la direction, prefèrent hurler, faire du buzz et du tapage.
FO s'engage à informer, expliquer, dire ce qui va se passer au fur et à mesure des projets. Les délégués FO sauront provoquer la direction, aller chercher l'info et négocier en toute connaissance de cause. La GPEC sera un moyen, important, mais pas le seul.
FO maintient le rapport de force, toujours déterminé à faire valoir les aspirations, les droits des salariés dans le cadre des négociations qui vont s'ouvrir. Les élus FO dans les CE, CSE et CCE pèseront de tout leur poids lors des séances d'info/consulte sur les sujets qui seront débattus. A l'aide de tous les moyens (mêmes juridiques si nécessaire) pour protéger tous les collègues des sièges et magasins.
Quels seront les choix, les décisions, quels en seront les impacts sociaux, économiques, sur l'emploi, les secteurs concernés, les salaires, les qualifications ?
Le Blog suit ce dossier, informera, et poursuivra en toute liberté et indépendance sa communication, au fur et à mesure.
Retrouver notre article, sur les fermetures des magasins Dia, les éléments du PSE......
Suivre le lien:
http://foed.over-blog.com/2016/11/dia-petit-a-petit-les-lumieres-s-eteignent-les-rideaux-se-baissent-les-parkings-se-vident-laissant-des-riverains-desempares-des-sala
Blog publication, 08 février 2019, 15H59
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