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L'anniversaire de la mort d’Étienne Dolet a été à peine marqué.
Cependant, par son érudition et ses œuvres linguistiques, il a contribué au développement de la culture française et il est hors de doute que son esprit révolutionnaire a préparé la libération de la pensée de la tutelle théologique.
En combattant le fanatisme, l’ignorance et la superstition avec un rare courage intellectuel, ainsi que les excès de l’intolérance religieuse et les préjugés sociaux, il a aidé au progrès et au bonheur de l’humanité. Athée ou non, Dolet était la conscience universelle de son époque.
Il était hostile aux injustices politiques, sociales et religieuses dont les iniquités le révoltaient.
Non conformiste, il critiquait la magistrature, les puissants, la tyrannie avec tant de témérité qu’il devint leur plus grand ennemi. Ainsi, Dolet, qui méprisait la poltronnerie, était l’homme le plus inquiétant et le plus célèbre de son temps.
Ce n’est pas seulement sa sensibilité, mais son amour fervent de la justice qui explique son attitude noble et courageuse à l’égard des opprimés. Cette belle figure de la Renaissance française était un humaniste, un érudit, un agitateur et un homme d’action qui considérait le bien, après Plotin, comme le but essentiel de la vie.
Tel était Dolet lorsqu’en 1538, à Lyon, tous les ouvriers d’imprimerie s’étaient mis en grève parce que les patrons imprimeurs avaient refusé les revendications des compagnons : l’augmentation du salaire et une meilleure nourriture – car, à cette époque, les ouvriers étaient nourris.
Cette grève était si puissante qu’elle révolutionna toute la région lyonnaise et produisit une répercussion imprévisible sur la vie sociale. Étienne Dolet s’était insurgé contre toutes les formes de l’oppression, la cupidité et l’égoïsme. Il approuva la grève et la légitimité des revendications ouvrières.
Sans se soucier de sa vie et de son avenir, il se jeta dans la bataille. Guidé uniquement par son sens profond de la justice, il se fit le défenseur des ouvriers et lutta pour leur cause. Mais comme les patrons imprimeurs avaient refusé toute augmentation, les compagnons cessèrent le travail. Dans les réunions, ils proclamèrent la résolution de ne reprendre le travail que lorsqu’ils auraient satisfaction.
Pour étouffer la grève, la « justice » royale poursuivit et emprisonna les grévistes. L’effervescence, cependant, continua, et la situation s’aggrava à tel point que François Ier intervint et, à Moulins, promulgua un arrêt qui adoucissait un peu la condition des ouvriers.
Mais les patrons protestèrent contre les décisions du roi et menacèrent de quitter Lyon avec leur imprimerie si l’arrêt qui accordait des avantages minimes aux grévistes n’était pas aboli.
François Ier, devant la pression patronale, signa à Fontainebleau, le 28 décembre 1541, un règlement qui rétablissait l’ancien régime du travail et de l’exploitation.
Au surplus, disait cet arrêt, « il est interdit aux compagnons de s’associer, d’avoir une bourse commune pour alimenter les grèves. Ils ne pourront quitter un atelier sans avoir achevé l’ouvrage en cours ».
Les patrons triomphaient, mais les ouvriers continuèrent à lutter et à revendiquer un édit plus juste. Pour enlever aux ouvriers tout espoir de gagner la bataille et pour les démoraliser, les patrons, au Conseil du Roi, obtinrent le 19 juillet 1542 des lettres de patente qui prescrivaient aux magistrats de réprimer tout mouvement de révolte des compagnons. L’ordonnance royale du 28 décembre 1541, ainsi renforcée par des décrets complémentaires, n’avait pas désarmé les ouvriers.
Au contraire, l’exaspération était à son comble et la révolte était si furieuse que les ouvriers se levèrent en masse. Les patrons, affolés et désemparés, cédèrent finalement devant l’action irrésistible des grévistes. Les compagnons avaient ainsi arraché par la force ce qu’ils n’avaient pu obtenir par les revendications, et un accord fut signé le 1er mai 1543.
À ce moment-là Dolet, qui était imprimeur et patron à la fois, fut jeté en prison pour avoir soutenu les compagnons contre les patrons omnipotents. Le crime que l’on reprochait à Dolet était d’aimer trop passionnément la liberté et avec trop de sincérité.
Il resta pendant quinze mois en prison parce qu’il préféra plutôt défendre la vie des ouvriers que la sienne. D’ailleurs, des lettres de rémission, signées par François Ier à Villers-Cotterets en 1543, sont probantes à cet égard : « Il est condamné pour avoir soutenu les compagnons imprimeurs… »
Les inquisiteurs, les fanatiques et ceux de sa corporation lui vouèrent une haine farouche, car il avait démasqué leur médisance, leur turpitude, leurs vices, leur barbarie. Ils l’accusèrent d’hérésie parce qu’il avait deviné les tendances véritables de l’Église. Sa vie fut brève, mais il a mené une lutte implacable contre son temps, contre ses ennemis, qui a consumé son cœur et épuisé l’ardeur de son esprit.
Considéré comme le plus dangereux des hommes et des savants qui existaient à la Renaissance, après cinq ans de détention il fut pendu et brûlé. Il monta au gibet la tête haute, fièrement, comme un héros de la pensée moderne qui n’a rien à regretter ni à renier.
Il fut condamné parce qu’il aimait la vérité et que la liberté était sa raison d’être ; parce qu’il était incompris et que, par son intelligence et ses aspirations, il dépassait son temps.
Défenseur opiniâtre des opprimés, Étienne Dolet, à travers les siècles, reste un exemple vivant de courage et de générosité. _
Article de Théodore Beregi paru dans Force Ouvrière n°40, le 26 septembre 1946