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Ce dimanche 21 mai 1871, les troupes versaillaises de Thiers parviennent à entrer dans Paris, par une poterne, entre la Porte de Saint-Cloud et la Porte d'Auteuil.
C'est le début de la Semaine Sanglante...
Jusqu'au 28, Paris est à feu et à sang.
Barricades par barricades, rues par rues, quartiers par quartiers, les Communards défendent leur Révolution contre les troupes gouvernementales.
Charles Delescluze, délégué à la guerre de la Commune appelle le peuple à la résistance.
La répression des Versaillais est féroce.
Tout fédéré capturé est exécuté sur le champ s'il a les mains noires de poudre, hommes, femmes et enfants.
Les massacres ensanglantent les rues de Paris, en proie aux flammes des bombardements.
Et les Allemands, qui encerclent toujours Paris, leur permet d'emprunter la zone neutre, afin de prendre à revers les barricades des Batignolles.
On exécute à tour de bras, comme ici, aux Jardins du Luxembourg.
Et la chasse à l'homme s'ouvre, dans les quartiers tenus par les Versaillais : Rigaud est passé par les armes rue Gay-Lussac, tandis que Varlin est supplicié à Montmartre.
Des simulacres de procès s'ouvrent parfois, lorsqu'on en a le temps, et le verdict tombe en quelques minutes, la sentence exécutée dans l'heure. Les jardins publics font alors office d'abattoirs, comme le parc Monceau, ou le cimetière de Montparnasse...
Malgré les appels de la Commune à la fraternisation, les combats sont de plus en plus violents à mesure que les Versaillais avancent vers l'Est de Paris, vers les quartiers populaires.
Tirer sur les ambulances, au sens propre, fait partie des exactions commises par les troupes gouvernementales... Le 24 mai, le docteur Faneauest passé par les armes, avec près de quatre-vingts fédérés blessé.
Aux horreurs commises par les Versaillais, répond la résistance désespérée des Communards, qui exécutent des otages, prêtres, dont l'archevêque de Paris, soldats et gardes ennemis... Mais inutile de comparer ces quelques exécutions au bilan final de la Semaine Sanglante. Les chiffres sont sans aucune commune mesure et parlent d'eux-même...
De bataille en bataille, de la Butte Aux Cailles au Panthéon, où les Communards sont massacrés, on finit par se battre, le 27 mai, entre les tombes au Père Lachaise.
147 Communards sont acculés au mur, et fusillés sur place.
Le 28, Belleville résiste encore, mais au soir, les dernières barricades tombent.
Le bilan est effroyable. 20 000 Fédérés sont tombés, contre moins de mille Versaillais.
La répression contre les survivants commence alors.
Près de 40 000 Communards sont arrêtés et transférés à Versailles à pied, abattus s'ils ne peuvent marcher assez vite ou tentent de s'enfuir, et sont internés à l'Orangerie du château, aux Grandes Ecuries, dans les manèges de Saint-Cyr, au camp de Satory... 30 000 d'entre eux, dont le cas n'est pas jugé intéressant, sont incarcérés plus loin, dans les ports militaires de l'Atlantique, de Cherbourg, ou Rochefort, dans des bateaux désaffectés mais encore à quai, où ils souffrent du mal de mer et d'une absence d'hygiène.
1170 meurent en détention...
Plus de 13 000 Communards sont condamnés à la prison, à la déportation dans les bagnes coloniaux, 4213 sont envoyés en Nouvelle-Calédonie, ou à la mort.
Vingt-six peines capitales sont exécutées à Satory.
Parmi les nombreux enfants arrêtés, cinquante-six sont envoyés en maison de correction, établissements plus terribles encore que la prison dont on les sort.
Les réfugiés affluent en Grande-Bretagne ou en Belgique, grâce à des filières d'évasion qui permettent à une minorité d'échapper aux chiens de chasse d'Adolphe Thiers. Ils ne peuvent revenir avant juillet 1880, lorsque la Chambre vote enfin leur amnistie pleine et entière.
La Troisième République naît dans la défaite et l'horreur des massacres perpétrés contre les Communards.
Alors que la bourgeoisie exige le retour à l'ordre, les suffrages successifs montrent les hésitations entre l'affirmation des principes républicains et les tentations de la restauration monarchique, jusqu'à la fin de la décennie.
Mais dans la mémoire du peuple de Paris et de toutes les villes de France qui se sont fédérées, la Commune n'est pas morte.
Jusqu'à nos jours...
LA SEMAINE SANGLANTE
Sauf des mouchards et des gendarmes
On ne voit plus par les chemins
Que des vieillards tristes en larmes
Des veuves et des orphelins
Paris suinte la misère
Les heureux même sont tremblants
La mode est au conseil de guerre
Et les pavés sont tout sanglants
REFRAIN
Oui mais ça branle dans le manche
Les mauvais jours finiront
Et gare à la revanche
Quand tous les pauvres s’y mettront (bis)
On traque on enchaîne on fusille
Tous ceux qu’on ramasse au hasard
La mère à côté de sa fille
L’enfant dans les bras du vieillard
Les châtiments du drapeau rouge
Sont remplacés par la terreur
De tous les chenapans de bouges
Valets de rois et d’empereurs
REFRAIN
Nous voilà rendus aux jésuites
Aux Mac Mahon aux Dupanloup
Il va pleuvoir des eaux bénites
Les troncs vont faire un argent fou
Dès demain en réjouissance
Et Saint Eustache et l’Opéra
Vont se refaire concurrence
Et le bagne se peuplera
REFRAIN
Demain les Manon les Lorette
Et les dames des beaux faubourgs
Porteront sur leur collerette
Des chassepots et des tambours
On mettra tout au tricolore
Les plats du jour et les rubans
Pendant que le héros Pandore
Fera fusiller nos enfants
REFRAIN
Demain les gens de la police
Refleuriront sur le trottoir
Fiers de leurs états de service
Et le pistolet en sautoir
Sans pain sans travail et sans arme
Nous allons être gouvernés
Par des mouchards et des gendarmes
Des sabre-peuples et des curés
REFRAIN
Le peuple au collier de misère
Sera-t-il donc toujours rivé
Jusques à quand les gens de guerre
Tiendront-ils le haut du pavé
Jusques à quand la Sainte Clique
Nous croira-t-elle un vil bétail
A quand enfin la République
De la justice et du travail
Paroles : J.B. CLÉMENT
Musique : Pierre DUPONT
La Troisième République naît dans la défaite et l'horreur des massacres perpétrés contre les Communards.