VOSGES
Epinal. Drôle de 14-Juillet, avec une singulière odeur de fumier se dégageant en centre-ville de Mirecourt.
Pour cause, les agriculteurs avaient organisé la fête nationale à leur façon dans la cité des luthiers. Aux antipodes du défilé que toute la France attendait dans la capitale.
Eux, c’est avec des tracteurs et des remorques qu’ils ont remonté les rues de la localité. Mais durant la nuit de lundi à mardi, et en grande discrétion, évitant les éventuels projecteurs.
Le temps de rejoindre les parkings des quatre supermarchés du secteur et d’y épandre une bonne couche d’un fumier qui n’a fait pas que des heureux. Et source de nombreux commentaires de clients le plus souvent médusés. Certains irrités. D’autres plus compréhensifs, voire davantage au fait des tracas du monde agricole.
« Nos paysans sont étranglés par les baisses des prix de leur production et toutes les actions qu’ils ont menées jusqu’à présent n’ont rien donné. Ils ont raison… ».
Il n’empêche que personne n’avait envie de rire. Chez Norma et Lidl, où même les vitrines ont été souillées, les portes sont ainsi restées fermées.
A Carrefour Market, un petit passage a été aménagé au cœur du champ de fumier, permettant aux automobilistes de se stationner côté station service, le magasin restant ouvert. Même chose à l’enseigne Match à Poussay, qui a pu accueillir ses clients.
Restait aux responsables des supermarchés à trouver une solution pour retirer ces tonnes de fumier déversées. « Je vais faire appel à une entreprise extérieure », confiait le responsable de la grande surface de Poussay. « C’est la fatalité… Et par mesure d’apaisement, ma direction m’a demandé de ne pas porter plainte », assurait-il, à l’évidence peu surpris par cette action. Plainte ou pas plainte des uns et des autres, les gendarmes mirecurtiens étaient sur le terrain.
Comme une odeur…
Leclerc à Saint-Etienne
Les portes du centre Leclerc de Saint-Etienne-lès-Remiremont étaient closes, mais il régnait aux abords comme une odeur de… bouse de vache.
Là aussi, les agriculteurs ont déversé du fumier sur le parking du centre commercial stéphanois, sur le sol mais aussi sur les chariots sagement rangés qui ont été généreusement recouverts.
Une façon de dire le mécontentement du monde agricole sans perturber les consommateurs ?
Une manière de s’assurer que ce « tapis » odorant ne serait pas rapidement nettoyé en raison du jour férié ?
Les agriculteurs en ont marre de la guerre des prix qui se joue à leur détriment et ont décidé de le dire… avec du fumier.
Même constat à Epinal, Jeuxey et Charmes
A l’arrivée des premiers clients, les parkings de Géant Casino à Epinal et Carrefour Jeuxey (Le magasin Leclerc de Charmes n’a pas ouvert ses portes) étaient – presque – propres.
Les agriculteurs et leur fumier étaient passés par là, tard dans la soirée de lundi. Les équipes des magasins ont astiqué les chariots les uns après les autres. Des entreprises privées, appelées à la rescousse par les directions, ont lavé à grande eau l’asphalte des parkings.
L’opération des jeunes agriculteurs n’est pas terminée et devrait « monter en puissance » tout au long de cet été : « si rien ne bouge », prévient Yohann Barbe, le secrétaire général des jeunes agriculteurs (JA) du département.
« La grande distribution pratique des prix trop bas. Elle joue en achetant à l’extérieur ».
Les producteurs de lait réclament un prix du litre à 34 centimes au lieu des 30 pratiqués aujourd’hui.
Sourcing: DNA
commenter cet article …