26 juin 1848
Combats de rues à Paris
Mettant un terme définitif à la monarchie, la Révolution de 1848 a établi le suffrage universel et supprimé l’esclavage. Mais en se coupant rapidement de son soutien populaire, elle n’a pas pu se protéger du retour des bonapartistes.
Comme en 1789 et en 1830, la révolution de 1848 est fille de la crise économique qui touche les paysans et les ouvriers.
À la veille de 1848 le secteur agricole conserve sa primauté même si les signes avant-coureurs de la transformation industrielle de l’économie française se font jour.
L’année 1846 est marquée par une grave crise agricole. En mai et en juin 1847, les ouvriers affamés du Faubourg Saint-Antoine et de Lisieux pillent des boulangeries.
Les nouveaux progrès techniques et la crise financière jettent de nombreux ouvriers à la rue.
En 1847, un tiers des métallos et un cinquième des mineurs sont au chômage. En mai 1847, 8 000 des 13 000 ouvriers de Roubaix sont sans emploi. Les patrons en profitent pour baisser les salaires. Ces derniers sont en chute de 30% à Rouen.
Cette misère extrême du monde ouvrier est alors décrite par Eugène Sue et Alexandre Dumas.
Les politiciens républicains sentent que leur heure est venue d’autant que la monarchie de Juillet semble en bout de course. Fin 1847, début 1848, ils organisent des banquets républicains dans toute la France. Le 22 février 1848, un banquet est interdit à Paris.
C’est l’étincelle qui va déclencher l’insurrection.
Le 24, les émeutes républicaines obligent Louis-Philippe à abdiquer.
Aussitôt un gouvernement provisoire se met en place, proclame la République (la deuxième), abolit l’esclavage, instaure le suffrage universel sous la protection des ouvriers parisiens en armes.
Le lendemain, ces derniers pénètrent dans la salle où se réunit le gouvernement provisoire. Ils imposent derechef« le droit au travail ».
Deux jours plus tard, la République crée les Ateliers Nationaux pour les ouvriers au chômage. En mars, ils sont 20 000 inscrits touchant deux francs par jour. Trois mois plus tard ils seront 100 000 ne touchant plus qu’un franc par jour.
Le 28 février 1848, les mêmes ouvriers en armes investissent l’Hôtel de Ville et imposent la journée de 10 heures, demandant aussi, sans réel succès, la fondation d’un ministère du Travail.
Les 17 mars et 16 avril les manifestations reprennent pour empêcher les élections du 23 avril organisées par les modérés et les conservateurs. Le 15 mai, les faubourgs parisiens fondent sur la nouvelle assemblée constituante anti-ouvrière.
Le gouvernement, qui s’est ressaisi, arrête les leaders (Barbès, Blanqui, Raspail).
Dans la foulée il s’apprête à dissoudre les Ateliers Nationaux et donne les pleins pouvoirs à Paris au général Cavaignac (1802-1857).
Aussitôt quatre cents barricades sont érigées dans l’Est parisien. Le slogan des ouvriers est alors :« Du travail ou du pain ; du pain ou du plomb ».
Du 23 au 26 juin 1848, Paris connaît ses plus durs combats de rues. Finalement 11 000 ouvriers sont arrêtés dont 4 000 déportés en Algérie. Le 3 juillet les Ateliers Nationaux sont définitivement fermés.
En novembre 1848 la nouvelle constitution ne parle plus du droit du travail.
Un mois plus tard, Louis Napoléon Bonaparte est élu Président.
Mais la révolte ouvrière a fait des émules : en mars à Vienne, Milan et Berlin, puis en Suisse, dans l’empire Austro-Hongrois et en Italie.
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