Victimes d'un jeu de chaises musicales et de la guerre des prix entre enseignes 47 anciens salariés Dia, groupe Carrefour, sont toujours sans salaire depuis plus de deux mois, et sans nouvelle de leur repreneur, Adam Kuzmicz, gérant de la société Gastt.
Les salariés des magasins Ed, devenus Dia, puis Erteco France, et enfin Carrefour, concernés par la cession, sont passés de main en main avec une diminution du personnel, une limitation drastique des moyens, entraînant une dégradation des conditions de travail.
En 2009 on comptait 800 magasins Ed, dont certains étaient déjà passés Dia, appartenant au groupe Carrefour et au groupe Dia. 40 % d’entre eux étaient placés en franchise, ou en location gérance, les salariés n’appartenant plus à une grande enseigne mais se retrouvant dépendants de petits patrons.
Ce système entraîne une perte de rémunération d'environ 30% par an, sans compter un nombre très conséquent de droits et d'acquis sociaux
Puis Carrefour s’est débarrassé complètement de ces magasins hard discount en 2011.
Mais le groupe Dia, voyant la rentabilité de ses magasins baisser, en a fermé certains, avant de revendre en 2014 tous ses magasins en France à leur ancien propriétaire, Carrefour.
L’Autorité de la concurrence a alors imposé à Carrefour de se séparer d’un minimum de 56 magasins. Certains ont été repris par Auchan qui, à son tour, en a franchisé une partie dans son réseau A2Pas, tandis que Carrefour faisait le choix de se débarrasser d’une centaine de magasins supplémentaires dont 32 devaient revenir à terme au groupe polonais Gastt dont seulement huit vont être réellement vendus !
Nombreux sont les magasins transférés chez A2pas, qui sont déjà fermés, certains n'ayant jamais ouverts à ce jour. Quant aux autres, les patrons de ces sites ont déjà fait le ménage parmi les salariés transférés.
Une valse des propriétaires qui est loin d’être terminée et qui ne manque pas de laisser des salariés sur le carreau.
Après plus de 113 jours de reprise par Gastt les magasins sont fermés, sans aucune vision quant à une éventuelle date d'ouverture, les travaux n'ont pas été entamés.
Les employés dans la désarroi le plus total s'inquiètent pour leur avenir.
A l'origine, Gastt souhaitait développer l’enseigne Okey.
Le projet novateur sur le papier semble s'être évaporé avec leur repreneur, et la paie des salariés.
Selon la bouclette de présentation de Gastt il s'agissait d "Un tout nouveau concept" dans la grande distribution basé sur le modèle de la "franchise coopérative" : la vente de produits alimentaires (lait, fruits et légumes, viande) de proximité, intégrant l'ensemble de la chaîne des acteurs du producteur au consommateur et "faisant des franchisés de vrais partenaires" selon le groupe, et selon FO "les salariés les dindons de la farce".
Face à ces salariés dont les situations deviennent jour après jour plus dramatiques, la boîte polonaise devient de plus en plus louche : en juillet, les payes arrivent avec 7 jours de retard – ce qui peut déjà être dur pour des familles rémunérées au SMIC- ; en août, elles ne sont jamais arrivées.
Alors que septembre s'installe, certaines familles sont déjà depuis 2 mois sans ressources, sans pouvoir toucher aucune indemnités, ni aides : n’étant pas au chômage vu qu’ils sont toujours « employés », le pôle emploi refuse de les recevoir et l’État fait la sourde oreille.
Les employés ne peuvent pas non plus démissionner car ils risqueraient de se trouver sans aucune ressource. Ils sont dorénavant piégés dans les méandres du système économique capitaliste, victimes de cette escroquerie ;
Face aux pouvoirs publics et aux patrons jouant aux sourds, une solidarité ouvrière s’est organisée par l’action de Force Ouvrière; La FGTA-FO, premier syndicat dans la grande distribution, a débloqué une aide d’urgence pour celles et ceux qui ne pouvaient plus acheter le minimum, ni assurer la rentrée des classes !
Un compte de souscription d'aide est également ouvert, toujours à l'initiative de la FGTA FO pour recueillir des fonds.
Une audience va avoir lieu le 15 septembre au tribunal de commerce de Paris, pour la mise en liquidation de la société, ainsi qu'une procédure en référé au Cph.
FO exige le paiement des sommes dues, et la reprise des contrats par Carrefour, sans suite pour l'instant de la part du cédant, qui semble jouer la montre.
Pour FO il s'agit de justice sociale et de sens des responsabilités.
Les infos du front
Caroline et Ludivine, du magasin de Lille Molinel, ont récemment rencontré Martine Aubry qui s'est engagée a appeler leurs banques, pour demander des mesures sociales de clémence et d'attente devant la situation, de plus elles se sont mises en relation avec la Ccas de la ville, pour obtenir une aide ponctuelle.
Toujours dans les Hauts de France
Les salariées d'Avesnes rencontrent la préfecture ce lundi accompagnée par une déléguée de l'UD FO de Lens. Une audience est également prévue ce même jour à la Direccte.
Notre camarade Laure est allée à sa banque en leur indiquant que lorsque nous aurions des interventions dans la presse nous ne manquerions pas de dire que certaines banques ne manifestaient aucune humanité;
Bravo et merci pour les interventions radio
Paroles de salariés
Toujours sans nouvelles d'Adam, qui lui est sans nouvelles de son notaire, qui lui est sans nouvelles de la banque, qui elle est sans nouvelles des investissements... Mais carrefour a reçu le pactole... Crois moi "Géant Européen" t'es pas Goliath mais moi je m'appel David et je vais pas te laisser t'en tirer
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