Armentiérois
Grde Distri / Carrefour
Fermeture programmée des Carrefour Contact, les salariés et les clients s’inquiètent
Ce jeudi 1er mars, devant le siège du groupe Carrefour à Massy (Val-de-Marne), des salariés de l’entreprise manifestaient contre le plan social annoncé fin janvier et la fermeture programmée* des supérettes Contact.
Les magasins d’Armentières, Houplines et Nieppe sont aussi ciblés. Les clients comme les salariés sont inquiets.
Un ciel gris plombe l’avenir des supérettes Carrefour Contact, comme celle de Nieppe, et le moral des salariés, clients mais aussi des commerçants locaux.
Des clients très embêtés
« Moi, j’irai ailleurs, plus loin forcément, car j’ai une voiture. Mais la plupart des clients sont des personnes âgées ou sans voiture. Elles vont devoir courir jusqu’au Proxi à l’autre bout de la ville ou alors à Hyper U, mais il n’y a pas de chemin piétonnier ni de piste cyclable. »
Denise, 70 ans, se rend à pied, environ une fois par semaine, dans ce magasin de Nieppe « pour dépanner » dit-elle.
« Essentiellement, des habitants du quartier, des seniors surtout. »
Serge, 55 ans, partage cette analyse de la typologie de clientèle. « Essentiellement, des habitants du quartier, des seniors surtout, qui s’y rendent à pied ou à vélo. » C’est le cas de Jacqueline, 83 ans, qui vient d’accrocher deux paniers remplis de chaque côté de son guidon. « Si la supérette ferme, soupire-t-elle, je serai obligée de demander à mes enfants de me conduire dans une grande surface. »
Des salariés à l’abandon
« Nous avons forcément de grandes inquiétudes en termes d’emplois. » résume Matthieu Saeyvoet, représentant syndical Force ouvrière de l’entité Carrefour Proximité.
Même si la direction a promis de reclasser 50 % de l’effectif, les employés s’interrogent sur la manière d’y parvenir. « C’est un objectif sans méthode, commente-t-il.
À Nieppe, mais aussi dans d’autres magasins, comme à Houplines ou Armentières, nous rencontrons des gens inquiets qui se posent beaucoup de questions. Ce sont souvent des ex-Dia, ex-Ed ou ex-Champion qui ont déjà subi des rachats. Ils se sentent aujourd’hui à l’abandon. »
« Qui va oser ? Qui a les reins assez solides ? »
Et le syndicaliste de lancer : « Qui va oser ? Qui a les reins assez solides ? Sur toute la France, il y a 2 100 personnes concernées. » Puis d’attaquer : « Il y avait déjà un problème de stratégie chez Dia, et ce sont les mêmes dirigeants qui gèrent Carrefour proximité. »
Un commerce de proximité qui disparaît
La structure la plus proche de la supérette de Nieppe est une agence du Crédit Mutuel. « Ce n’est pas le supermarché qui nous amène du monde, confie un agent, mais d’abord notre proximité avec les gens et surtout le fait qu’on puisse se garer facilement. » Le banquier livre son analyse : « Avec l’augmentation des prix du carburant, les gens optimisent leurs déplacements et font le plein dans des grandes surfaces. »
Plus loin, Sarah du salon Sublim Brushing installée dans la rue d’Armentières depuis juillet dernier est aux premières loges. « Par la vitrine, j’en vois passer des clients, constate-t-elle, le long du trottoir avec leur chariot de courses à roulettes. » Elle-même est devenue cliente de la supérette et y trouve par exemple pour son commerce des dosettes de café, des éponges ou des produits de nettoyage.
« Je ne suis pas une grande économiste, sourit-elle, mais j’ai la sensation que ce magasin fonctionne bien. Je ne comprends pas pourquoi les têtes pensantes veulent le fermer alors qu’ils ont tant investi dans la transformation de Dia en Carrefour. »
Pour la trentenaire, sa disparition priverait les « retraités non véhiculés » d’un service de proximité.
Sourcing: Christophe Declercq, in LVDN
(*) Selon les syndicats, la fermeture des magasins serait prévue fin juillet.
Tous les Carrefour contact sont impactés dans les décisions du plan Bompard
Pour comprendre la situation
273 magasins sous enseigne Carrefour (ex-Dia) font l’objet d’un plan de cession de la part du groupe spécialisé dans la grande distribution. Faute de repreneur, ceux-ci pourraient mettre la clef sous la porte dès juillet.
Par exemple, outre les sites situés dans les hauts de France, qui sont nombreux, ou dans l'Est, en IDF, quatre sont concernés en Essonne. Il sera plus facile de trouver des repreneurs dans les centres villes, comme Lyon, Nice, Paris, ou Marseille, par exemple.....
Le 23 janvier, Alexandre Bompard révélait les dessous du plan de restructuration du groupe Carrefour.
Outre un virage vers le numérique, le PDG du groupe annonçait également la cession d’une partie de son parc de supérettes.
Au total, 273 magasins (ex-Dia) font partie de ce plan prévoyant des locations-gérances ou des cessions. Parmi ces derniers, figurent six enseignes essonniennes.
Les Carrefour de Verrières-le-Buisson et d’Epinay-sur-Orge sont censés devenir des magasins franchisés d’ici l’été. Cependant, l’avenir semble plus flou pour les établissements de Breuillet, Longjumeau, Chilly-Mazarin et de Savigny-sur-Orge.
Faute de repreneur, ces quatre enseignes pourraient fermer d’ici le mois de juillet. « On annonce une fermeture pour Chilly-Mazarin fixée le 7 juillet prochain et les trois autres pourraient suivre deux semaines après, soit le 21 juillet », précise les syndicats.
Quelques débrayages ont eu lieu au sein de ces magasins afin d’alerter les riverains et clients de ces supérettes, comme à Breuillet ce mardi 27 février. « Trouver un repreneur ne sera pas chose facile », explique l’un des salariés.
En attendant d’en savoir plus, des pétitions ont été mises en place par les salariés de l’enseigne. Dans ces communes, les municipalités ont aussi pris le dossier à bras le corps.
« Nous allons tout faire pour qu’il y ait une reprise de l’établissement », confie notamment Bernard Sprotti, le maire de Breuillet.
Ce dernier doit d’ailleurs rencontrer la direction de Carrefour d’ici la fin du mois à ce propos. Mais même dans le cas d’une reprise, les craintes sont là dans les rangs des employés. « Dans le cas où nous en trouvons un repreneur, reprendra-t-il l’ensemble des effectifs », s’inquiète l’un d’entre eux.
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