SOCIETE / EMPLOI
Diversification des formes d’emploi et développement de nouvelles inégalités.
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Depuis la fin des années 1980 et particulièrement depuis la crise économique et financière de 2008, nous assistons à une diversification significative des formes d’emploi y compris s’agissant des liens de subordination entre une personne et son employeur.
- La croissance des formes d’emploi atypiques dans le monde est une tendance marquante de ces dernières décennies.
Le BIT regroupe ces formes selon quatre grandes familles:
- l’emploi temporaire,
- le travail à temps partiel et sur appel,
- la relation d’emploi multipartite,
- la relation de travail déguisée/l’emploi économiquement dépendant.
Le BIT relève par ailleurs que l’emploi atypique "surtout lorsqu’il ne résulte pas d’un choix des travailleurs", peut aggraver leur insécurité.
Il crée, par certains aspects, une rupture d’égalité entre les travailleurs: en termes de sécurité de l’emploi ("Plus l’incidence de l’emploi temporaire est importante dans un pays, plus forte est la probabilité de voir les travailleurs passer de l’emploi atypique au chômage, et moindre celle d’une transition vers un meilleur emploi"), de choix des horaires et de la durée du travail (les travailleurs occasionnels ne maitrisent pas leurs horaires, cela peut compromettre l’opportunité d’avoir un deuxième emploi), de sécurité sociale (discontinuité et/ou insuffisance de la durée de travail impacte sur une couverture satisfaisante), entres autres.
Une autre tendance a émergé ces dernières années et provoqué des débats importants: le développement, du travail indépendant.
En France, le nombre de travailleurs non-salariés est en hausse depuis les années 2000.
L’évolution du travail indépendant est également liée au développement de l’économie de plateformes. Ces dernières ont la particularité de ne pas disposer d’actifs propres (immobilier, véhicules) mais de s’appuyer sur les actifs détenus par les travailleurs indépendants ou les particuliers qui fournissent ces services.
Le développement de ces plateformes, s’il peut résulter pour une part d’une demande croissante d’autonomie des travailleurs, consiste essentiellement pour les travailleurs, dans un contexte de crise, à trouver des alternatives à l’emploi salarié, quitte à accepter des conditions de travail parfois précaires.
- Alors que l’auto-entreprenariat est souvent perçu comme un moyen de s’affranchir du lien de subordination intrinsèque au salariat, on observe dans la plupart des cas que cette relation de subordination persiste dans l’auto-entreprenariat lié à l’économie de plateformes.
Dans certains cas, si l’auto-entrepreneur ne reçoit pas d’ordre direct d’un supérieur hiérarchique, les modalités de son travail (prix de la course, itinéraire) lui sont dictées par un algorithme.
Aujourd’hui tout se passe comme si la figure de l’employeur disparaissait. Même lorsque le travail est dirigé (serait-ce par un algorithme), les plateformes préfèrent qualifier ceux qui travaillent pour elles de partenaires.
Il convient toutefois de rappeler que le travail salarié reste, dans la plupart des pays, comme en France, la forme d’emploi majoritaire.
Aussi, plus qu’une remise en cause de ce principe, l’augmentation du travail indépendant pose la question de la pluriactivité et de ses conséquences sur le monde du travail et plus particulièrement sur les droits des travailleurs.
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Extraits du rapport "Avenir du travail, contribution française"
du 16 février 2017.
Bureau international du travail (BIT)
Blog publication, 04 mars 2019, 16H26
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