Viande
Saignée de salariés dans une filière en crise
Article paru dans FO Hebdo 3076
Les délégués FO des abattoirs bretons Gad (abattoirs de la filière porcine) et de la société Spanghero, touchée par le scandale de la viande de cheval, n’ont pu se rendre au congrès de leur fédération. Alors que les responsables syndicaux de ces entreprises étaient retenus par leurs activités de défense des salariés, ils ont reçu le soutien de nombreux délégués présents au congrès, ainsi que du Secrétaire général sortant, Rafaël Nedzynski, dans son rapport devant les congressistes.
LES ABATTOIRS GAD DANS LA TOURMENTE
Chez Gad (1.700 salariés), qui a été placée en redressement judiciaire en février, un premier repreneur s’est manifesté le 24 avril, à l’issue d’une audience d’information au tribunal de commerce de Rennes (Ille-et-Vilaine). Pour Olivier Le bras, délégué syndical FO, qui était présent au tribunal, «les temps vont être difficiles, mais il reste un espoir».
Début avril, la direction du groupe avait indiqué ne pas exclure la fermeture d’un des deux abattoirs du groupe, qui emploient respectivement 850 et 650 salariés à Lampaul-Guimiliau (Finistère) et Josselin (Morbihan). La filière de la viande porcine est en crise depuis une dizaine d’années en raison d’une baisse de la production en France. Le cours du porc a baissé de 6% entre 2000 et 2010 et la flambée du prix des céréales augmente les coûts de l’alimentation des bêtes. Comme l’a expliqué devant le congrès Bruno Lanoë, délégué FO chez Cooperl Arc Atlantique, premier groupe d’abattage porcin de France, «la flambée du prix des matières premières agricoles fait craindre des destructions massives d’emplois […]. Si rien n’est fait, à peu près 50.000 emplois directs et indirects sont menacés en France».
Il faut dire qu’à cette crise structurelle s’ajoutent des distorsions de concurrence au sein de l’Union européenne. L’Allemagne, notamment, exerce une concurrence déloyale en embauchant des travailleurs détachés originaires des pays d’Europe centrale et payés de 3 à 5 euros l’heure. «C’est ce qu’on appelle de l’esclavage moderne!», s’indigne Bruno Lanoë. «Le rapport du coût de la main-d’œuvre entre l’Allemagne et la France est de un à trois, la seule solution pour sortir de cette impasse, c’est un même salaire pour un même travail sur un même lieu», explique-t-il. La seule possibilité pour mettre fin au dumping social à l’œuvre dans l’industrie de la viande.
SPANGHERO: LE SCANDALE DE LA VIANDE DE CHEVAL
MENACE DEUX TIERS DES EMPLOIS
Chez Spanghero, à Castelnaudary (Aude), deux tiers des 240 salariés de l’entreprise spécialisée dans les plats cuisinés risquent de perdre leur emploi car la société ne parvient pas à surmonter le scandale de la viande de cheval. C’est dans le cadre de son activité mineure de négoce de viande que Spanghero est accusée d’avoir sciemment revendu du cheval à la place de viande de bœuf à des entreprises qui produisent des plats cuisinés pour des grandes marques ou des grands distributeurs. L’entreprise, elle, a toujours protesté de sa bonne foi et dit avoir été victime des intermédiaires de la filière. En attendant, ce sont les salariés qui trinquent. D’autant plus qu’une nouvelle révélation, en mars, a fait état de la découverte chez Spanghero de 57 tonnes de viande de mouton britannique prohibée. Les clients se sont détournés de ce fournisseur et l’usine tourne au ralenti. Spanghero, en liquidation judiciaire depuis la mi-avril, a été mise en vente. L’activité actuelle ne permet de faire travailler que 60 à 80 salariés et 160 emplois sont sur la sellette. «Notre espoir, c’est de trouver un repreneur qui fasse redémarrer l’activité pour réintégrer la totalité ou une grande partie du personnel», a indiqué Jean Aparicio, délégué Force Ouvrière, à l’issue d’une réunion avec la direction le 26 avril. À l’occasion du congrès de la FGTA FO, le 24 avril, Dominique Douin, délégué chez Socopa, filiale du groupe d’abattoirs Bigard (14.000 salariés), a rappelé que l’affaire Spanghero n’était en aucun cas un scandale sanitaire mais une fraude, estimant que «les voyous doivent aller en prison». «Les salariés ne sont pas responsables, pourtant ce sont eux qui vont subir les conséquences avec la perte de leurs emplois», déplorait-il.
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