La fin de la valse !?
Le suisse Aryzta va prendre 49 % du capital de l'entreprise de surgelés, pour 447 millions d'euros.
Les industriels suisses font leurs courses en France. Tandis que le champion du ciment Holcim espère lancer sous peu son offre publique pour acheter Lafarge, son compatriote Aryzta a signé dans la nuit de lundi 30 mars à mardi 31 mars un accord pour acheter les surgelés Picard.
Une des enseignes préférées des Français, qui adorent ses moelleux au chocolat et ses cakes jambon-olives.
Le projet dévoilé mardi prévoit une cession en deux temps.
Aryzta, un spécialiste de la boulangerie industrielle surgelée, va d’abord prendre une très grosse minorité du capital, 49 %, moyennant 447 millions d’euros. Le fonds Lion Capital, l’actuel propriétaire du groupe français, cèdera en principe le reste des titres au bout de trois à cinq ans. L’ensemble de la transaction est évalué à environ 910 millions d’euros, plus la reprise des importantes dettes de Picard. Soit un total de 2,25 milliards d’euros.
Fondée en 1906 par Raymond Picard sous le nom des Glacières de Fontainebleau, l’entreprise a appartenu à Carrefour de 1994 à 2001. Elle est ensuite passée entre les mains d’une série de fonds d’investissement : Candover, BC Partners puis Lion Capital.
Une enseigne en croissance régulière depuis quarante ans, dégageant une bonne trésorerie de façon très prévisible : pour ces financiers, Picard représentait un cas parfait de LBO, ces montages qui permettent de racheter des sociétés en recourant à beaucoup de dette, puis en faisant rembourser celle-ci par l’entreprise elle-même.
En fin d’année 2014, quatre ans après sa prise de participation, Lion Capital a commencé à chercher des repreneurs. Plusieurs pistes ont alors été étudiées, de la cession à un autre fonds à une introduction en Bourse, en passant par une revente à un industriel ou à un distributeur. « Tout le monde a regardé le dossier », confie un professionnel.
Après avoir bouclé le refinancement de la dette en début d’année, Lion a finalement choisi de conclure avec Aryzta.
Pour la première fois en une quinzaine d’années, Picard va donc appartenir à un professionnel du secteur. Ce qui devrait mettre fin à la valse des propriétaires qu’a connue la marque.
Pour Aryzta, « il s’agit d’un virage stratégique », analyse Alan Mason, avocat chez Freshfields et l’un des conseils du groupe suisse.
Inconnu du grand public, Aryzta intervenait jusqu’à présent plus en amont de la filière. Le groupe de Zurich est le plus important fournisseur au monde de croissants, de pains et autres produits surgelés. Il approvisionne certains fast-foods, des points de vente dans les gares, des cantines, etc. Sa position de leader mondial, Aryzta l’a obtenue en multipliant les acquisitions, notamment en France, où il s’est offert Délice de France en 1999 puis Hubert en 2005.
Cette fois-ci, il s’intègre en aval, dans la distribution. Si les cuisiniers de Picard élaborent des recettes, toute la fabrication est en effet sous-traitée auprès d’industriels du type d’Aryzta, qui restent dans l’ombre.
Picard assure ensuite la commercialisation dans ses magasins. Un réseau de 925 points de vente qui n’arrête pas de croître, au rythme d’environ 35 boutiques par an. Au total, Picard table sur un chiffre d’affaires de 1,4 milliard d’euros en 2015, et un résultat d’exploitation de 192 millions d'euros. La marque au flocon emploie quelque 4 500 personnes, essentiellement en France.
Pour Aryzta, cette opération vient à point nommé. Il y a quelques jours, le groupe suisse a récolté 400 millions d’euros en vendant l’essentiel de sa filiale irlandaise Origin, spécialisée dans les fourrages et les engrais.
Cette somme permettra de financer la première tranche de l’achat de Picard.
Sourcing :
LE MONDE ECONOMIE | Cosnard
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