Lieusaint
La commune de Lieusaint vote pour l'ouverture de Carré Sénart le dimanche
Ce n'était pas gagné ! Mais au bout de plus d'une heure de débats houleux, la municipalité a finalement voté pour la création d'une zone commerciale sur le Carré Sénart.
Dans quelques mois, le centre pourrait donc être ouvert 7 jours sur 7.
Majorité et opposition ont débattu pendant plus d'une heure sur une question de société épineuse -
« Sarkozy en a rêvé. Hollande l’a fait, ironise Philippe Lauberthe (PDG). La droite locale, comme le Parti de gauche, s’apprête à voter contre cette délibération. C’est peu banal ».
Mais le conseiller municipal rit jaune. L’ouverture de Carré Sénart tous les dimanches sous couvert de création d’emplois et sur la base du volontariat ? « Une vaste fumisterie », pour cet opposant. « Dans le secteur du commerce, contrats précaires, horaires décousus, salaires minimums sont les caractéristiques avec un turn-over important des salariés », insiste Philippe Lauberthe.
Et d’ajouter : « Les faibles revenus de ces salariés poussent les plus fragiles financièrement à venir travailler le dimanche au détriment de la vie familiale, de la culture, du repos et bien d’autres choses que le travail. »
Enjeux économiques
« Quand on parle de volontariat, il faut mettre 5 000 guillemets », admet Michel Bisson (PS), le maire, pourtant favorable à une ouverture 7 jours sur 7. Pour Pascal Lienard (DLF), c’est pas touche à mon dimanche !
La banalisation du travail dominical irait à l’encontre du progrès social. Elle mettrait, en effet, un sacré coup à la loi du 13 juillet 1906 établissant le repos hebdomadaire.
« Et si, au lieu de mettre au centre ce besoin absolu de bénéfices des actionnaires de ces groupes commerciaux, on remettait l’Homme au centre de nos préoccupations ? », a-t-il proposé.
Mais les dimensions humaines ne font pas le poids face aux enjeux économiques.
Une étude d’impact démontre que le Carré Sénart est fréquenté, en moyenne, par 37 000 visiteurs, les jours de semaine et par 74 000 personnes le week-end. « Les retombées positives vont au-delà de la ville de Lieusaint, pointe Michel Bisson (PS), le maire. La majorité des Français est favorable à l’ouverture dominicale des commerces, particulièrement les 18-24 ans. Et la population de Sénart est jeune. »
Et de plaider la mise en concurrence : « D’autres centres commerciaux ouvrent déjà le dimanche, comme le Champs de Foire, à Melun, La Croix-Blanche à Sainte-Geneviève des Bois (91) ou encore Val d’Europe, à Marne-la-Vallée. Et d’autres centres sont en cours de demande. Cette concurrence peut nous pénaliser. Il s’agit de préserver l’emploi et de faire en sorte qu’il se développe. »
« La locomotive du territoire »
Il faut dire que Carré Sénart pèse lourd sur le secteur : 3 500 emplois dont plus de la moitié dans le commerce. « Le Carré Sénart, c’est la locomotive du territoire. Il renforce notre attractivité », analyse l’élu dont l’ambition est de faire du centre commercial « le pôle de centralité du Sud Francilien ».
Une ambition qui semble éloignée de la promesse d’antan, celle d’une vie rurale, selon José Egido, conseiller municipal d’opposition.
« Je suis arrivé à Lieusaint il y a 22 ans, raconte-t-il. On voulait une ville à la campagne. Entre le projet initial des villes nouvelles et le projet aujourd’hui, ce n’est plus la même chose. On bétonne. Et on n’a rien créé de nouveau. Par ailleurs, les gens ont des revenus tous les mois, ils ne vont pas dépenser plus que ce qu’ils ont ».
Un nouveau chapitre
Avec neuf votes contre, deux abstentions et 22 votes pour l’ouverture le dimanche, une page devrait donc se tourner pour le Carré Sénart. Dans quelques semaines, la préfecture rendra sa décision, après avoir consulté l’avis du conseil communautaire.
En tout cas, ce lundi 17 octobre 2016 était à marquer d’une croix blanche. Car, s’il restera, en effet, le jour du commencement d’un nouveau chapitre pour le centre commercial, il sera également le jour où la droite a défendu les droits des travailleurs. Un grand moment de démocratie.
Sourcing: La République / Vanessa Relouzat
BM:
La précarité est en marche, le recul des droits sociaux, la mort des petits commerces artisanaux, le gavage des actionnaires au détriment de la vie tout simplement.
Ceux qui ont voté ne sont bien évidement pas ceux qui iront trimer le dimanche au détriment de leur vie de famille, de l'éducation de leurs enfants......