Elles gagnent entre 900 et 1200 euros par mois. 9 sur 10 sont des femmes.
Face aux clients, elles affichent toujours le sourire.
Mais les caissières, visages de la grande distribution, sont en plein malaise après la fausse-couche de l'une d'entre elles derrière sa caisse à Tourcoing. Temps-partiels subis, horaires décalés, manque de considération, pression de la hiérarchie… pour beaucoup, ces conditions de travail les mènent à bout.
Marie, 36 ans, Auchan : «Ils calculent nos temps morts, ça cause beaucoup de casse»
«Je suis depuis sept ans chez Auchan dans les Hauts-de-France. Quand j’ai commencé comme caissière, c’était clairement un emploi par défaut, car je ne trouvais rien d’autre. Pourtant, j’ai une licence professionnelle mais mon secteur était bouché. J’ai été prise en CDD au rayon hyper-tech (informatique, photo…).
Ensuite, mes chefs qui m’appréciaient ont réussi à me faire embaucher en CDI au secteur caisse.»
L’évolution de mon métier
«Quand ils ont commencé à mettre en place les caisses automatiques pour moins de dix articles, ça a changé notre façon de travailler. On n’a pas le même rapport avec le client.
Là, on est du côté de l’assistance, on échange. Mais il ne faut pas se leurrer : la direction a retiré des hôtesses de caisses pour que les clients qui ont peu d’achats préfèrent aller aux caisses automatiques que faire la queue.»
Mes conditions de travail
«J’ai commencé en travaillant 30 heures. C’est l’horaire minimum à temps partiel. Je faisais les trois quarts de mon temps à l’électroménager et le reste aux caisses. Ensuite, la vente d’équipements ne marchant plus, le secteur caisse m’a récupérée entièrement. A l’époque, je gagnais un peu moins de 1 000 euros net. Je suis toujours à temps partiel. En caisse, il y a très peu de collègues qui sont à temps plein. Je l’ai demandé plusieurs fois, mais ça m’a été refusé. L’argument de la direction est que c’est un travail très dur et que 35 heures, ce n’est pas possible pour des raisons de santé. Mais on fait des nocturnes, on commence à 13 h 30 et on finit à 21 h 30, voire 22 heures. Ce n’est pas majoré parce que les horaires de nuit, c’est à partir de 22 heures.»
Mon parcours
«Si le métier est souvent pénible, que les clients sont ronchons, agressifs, j’arrive toujours à trouver un aspect positif à mon activité. Même s’il faut reconnaître qu’elle est assez répétitive.
Question évolution, c’est plutôt compliqué.
Il y a ce qu’on appelle la rémunération individuelle après un entretien avec notre supérieur direct qui évalue nos résultats : l’efficacité (le nombre d’articles passés à la minute), la fluidité (le temps de passage des clients), la rapidité (le moment où la personne paie et où on commence à faire passer le client suivant).
«Il y a deux ans, la direction a mis en place ce qu’elle appelle "l’efficacité opérationnelle". C’est-à-dire qu’ils ont calculé le nombre de temps morts qu’on avait.
Ça a causé beaucoup de casse. J’ai eu une tendinite et des problèmes de dos. Chez mes collègues, de la fatigue, de l’épuisement moral et physique. On ne supportait plus rien, on était tous grincheux, sur les nerfs.
«Je n’ai pas l’intention de rester dans ce métier, je suis ambitieuse. Mais la plupart de mes collègues, oui. J’ai envie de rester dans le secteur de la grande distribution. Mes collègues de 45 ans et plus sont fières de faire ce qu’elles font.
Pour les plus jeunes, c’est clairement un travail alimentaire.»
Sourcing: Libération.fr / Philippe Brochen
Notons que Régis Degelcke appartient certes à Adeo, une enseigne de la galaxie Mulliez, mais pas à la famille. La CFTC toujours en verve, et en pointe dans la défense des interêts bien compris des entreprises a salué l'arrivée de ce fin connaisseur de la distribution