Depuis la mi-janvier, l’hypermarché Auchan ouvre le dimanche matin au centre commercial V2. Une décision économique que redoutaient les petits commerces du secteur.
Pour le moment, Corinne et Luc Spriet gardent le sourire. Mais ils ne peuvent pas se permettre de fermer le dimanche, faute de clients.
Une matinée d’ouverture pour une poignée d’euros empochés, cela vaut-il vraiment le coup ? Brusquement rattrapés par la réalité économique, plusieurs commerçants cysoniens se posent la question un mois après l’ouverture dominicale d’Auchan, à Villeneuve-d’Ascq.
« Nous n’avons rien vu venir, reconnaissent Luc et Corinne Spriet, derrière le comptoir de la boucherie-charcuterie Marionvalle. L’annonce d’Auchan s’est faite presque d’un seul coup et nous ne nous sommes pas rendu compte tout de suite de l’effet sur notre clientèle. »
Mais à force de se dire « tiens, c’est calme », un dimanche après l’autre, le couple a plongé le nez dans ses résultats de l’année dernière à la même époque pour en avoir le cœur net.
« La différence est flagrante, nous perdons entre 35 et 40 % de notre chiffre d’affaires, résume Luc. Les vacances scolaires n’ont pas commencé à la même date qu’en 2016 mais cela ne change rien : si nos clients partent, nous recevons ceux de nos confrères qui ferment pendant ces congés. Cette fois, nous nous demandons où sont passés les gens ? »
Dans sa petite Épicerie gourmande, à quelques centaines de mètres de là, Philippe Malezka, arrivé il y a six mois, dresse le même bilan. En temps ordinaire, le dimanche, « le client arrive déjà plus tard que les autres jours. Mais depuis fin janvier, il manque vraiment du monde, malgré le marché voisin. Ces gens ne sont pas à Cysoing ».
Fermer le dimanche ?
Confrontés à cette baisse de chiffre, ces commerçants doivent-ils baisser le rideau ce jour-là ? « On ne peut pas se le permettre », répond Philippe. Luc et Corinne lui font aussitôt écho en rappelant qu’ils avaient déjà connu une perte financière après l’arrivée récente de l’Intermarché… lui aussi ouvert le dimanche matin.
Mais leur situation est d’autant plus inconfortable qu’elle n’est pas partagée partout dans le village. En un mois, la presse voisine de l’épicerie n’a pas senti de différence notable. Et du côté de la boulangerie de la rue Gambetta, la queue s’étire toujours pour retirer viennoiseries, pains et pâtisseries du dimanche.
Mauvaise surprise
Lundi soir dernier, une réunion publique a rassemblé plusieurs commerçants cysoniens au sujet de la nouvelle zone d’activités de Bouvines. C’est à cette occasion que certains d’entre eux se sont émus de la nouvelle concurrence dominicale d’Auchan V2 depuis un mois.
« C’est vraiment regrettable, soupire-t-il. Personnellement, je ne comprends pas les gens qui vont à Auchan le dimanche matin alors qu’ils ont un marché de qualité, des commerces et deux supermarchés ouverts au même moment dans leur commune. D’un côté, on autorise les grandes surfaces à avoir plus de souplesse, notamment pour préserver des emplois (même si elles ne sont quand même pas à plaindre), de l’autre on nous demande de privilégier l’artisanat et les centres bourgs. On ne peut pas faire les deux ! »
Le marché de Templeuve préservé mais…
Le marché de Templeuve, qui va fêter ses trois ans au printemps, ne souffre pas de la récente ouverture d’Auchan V2 le dimanche matin. C’est le constat que dresse Daniel Chrétien, conseiller municipal chargé de ce dossier.
Au contraire, selon lui, venir faire quelques emplettes au marché le dimanche répond à une démarche bien précise. « On se promène dans le village, on prend son temps. C’est un lieu d’échange qu’il faut préserver. J’ai plusieurs fois relancé la communauté de communes à ce sujet, pour dynamiser les animations sur les marchés dominicaux. Car quand elles ouvrent ce jour-là, les grandes surfaces mettent le paquet. »
L’élu sait de quoi il parle.
Sourcing: LVDNCarine Bausière
NDR / BM :
BM
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