TPE : dans un scrutin marqué par la défiance, FO conserve sa troisième place
Élection TPE : lancement officiel de la campagne par le gouvernement lors d’une conférence de presse au ministère du Travail le 4 octobre 2016.
Les résultats des élections TPE ont été dévoilés le 3 février et se caractérisent par deux éléments marquants : une baisse du score des principales organisations et un très faible taux de participation.
Avec 13,01 % des voix, Force Ouvrière s’est maintenue en troisième position aux élections TPE.
C’est deux points de moins que lors du scrutin de 2012 (15,25 %).
Du reste, les autres principales organisations enregistrent une forte baisse.
La CGT demeure en tête avec 25,12 % des voix mais recule de 4,42 points. La CFDT arrive seconde avec 15,49 % des voix (- 3,77 points).
Solidaires est sixième avec 3,5 % des voix (- 1,25 point).
Le scrutin, dont c’était la deuxième édition, s’est déroulé du 30 décembre au 13 janvier, auprès des 4,5 millions de salariés des TPE (entreprises de moins de 11 salariés) et de particuliers employeurs.
Le grand nombre d’organisations syndicales nationales et régionales en lice – une trentaine au total – a favorisé l’éparpillement.
Cumulées, les pertes enregistrées par les principales organisations représentent 11 points. Elles ont en partie bénéficié à l’Unsa, qui arrive en quatrième position avec 12,49 % des voix (+ 5,14).
Le gain est plus modeste pour la CFTC, cinquième avec 7,44 % des voix (+ 0,91 point), et la CFE-CGC, qui ne se présentait que chez les cadres, avec 3,38 % (+ 1,06 point).
Les autres points ont été dispersés, notamment au profit d’organisations professionnelles, qui captent 10,07 % des voix.
Un faible impact sur la représentativité nationale
323 600
C’est le nombre de suffrages exprimés lors de l’élection TPE, représentant un taux de participation très faible.
Les principales organisations sont considérées à tort comme faisant partie des institutions, institutions qui n’ont guère le vent en poupe dans la période actuelle de déliquescence démocratique, a réagi le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, à l’annonce des résultats.
Le très faible taux de participation, avec seulement 323 600 suffrages exprimés, impose de relativiser ces résultats.
Certes, ils permettront aux syndicats de désigner les dix salariés qui siégeront dans les futures commissions paritaires régionales interprofessionnelles (CPRI).
Ces instances, qui doivent se mettre en place en juillet 2017, auront notamment un rôle d’information et de résolution des conflits auprès des salariés des TPE.
Les scores obtenus doivent aussi être agrégés aux résultats des autres élections du secteur privé (entreprises de plus de 10 salariés et chambres d’agriculture) depuis 2013, pour connaître le taux d’audience de chaque organisation syndicale au niveau national.
Il sera dévoilé le 31 mars. L’impact des élections TPE sera au final très faible. En 2013, le calcul de la représentativité avait été établi à partir du vote de 5,5 millions de salariés.
Les résultats de ces élections TPE n’y pèseront au final qu’à hauteur de 6%.
Résultats : Le podium de FO
FO arrive en deuxième position dans trois régions, derrière la CGT mais devant la CFDT. C’est dans les Hauts-de-France qu’elle enregistre son meilleur score, avec 16,04 % des 26 336 suffrages exprimés.
Viennent ensuite l’Occitanie, avec 15,45 % des 29 141 voix, et Paca, avec 14,64 % des 22 625 votes.
La participation est à relativiser en fonction de la population active.
En métropole, la Corse est la région qui a le plus voté, avec un taux de 9,40 %, mais cela ne représente que 2 695 suffrages exprimés.
L’Île-de-France a le taux le plus faible, à 5,47 %, mais compte 51 959 bulletins valides, soit le nombre le plus élevé.
Sourcing: FO Hebdo / CLARISSE JOSSELIN
Un scrutin boudé par les salariés
Malgré les multiples enjeux, les élections TPE n’ont que très peu mobilisé les 4,5 millions de salariés appelés aux urnes.
Le taux de participation atteint 7,35 %, soit trois points de moins que lors du premier scrutin en 2012 (10,38 %).
Plusieurs raisons peuvent expliquer cette désertion des urnes. D’abord le report d’un mois de la date des élections, décidé à la dernière minute par le ministre du Travail en raison du conflit juridique entre la CGT et le Syndicat des travailleurs corses.
Résultat, le scrutin s’est déroulé durant et juste après les fêtes, période peu propice à la mobilisation. À cela s’ajoute un problème de corps électoral.
Marie-Alice Medeuf-Andrieu, secrétaire confédérale chargée des conventions collectives, dénonce des erreurs dans le fichier des électeurs et s’étonne qu’il y ait eu plus de retours de courrier estampillés n’habite pas à l’adresse indiquée (8 %) que de votants.
Pas de travail de terrain en entreprise
D’autres causes sont plus structurelles.
Les électeurs ne se sont pas sentis concernés par le scrutin, mais comment aurait-il pu en être autrement ?
Ils étaient invités non pas à voter pour des candidats, mais sur sigle, pour l’organisation syndicale chargée de les représenter.
Or le Code du travail n’imposant aucune représentation collective du personnel dans les TPE, ces salariés n’ont aucun contact avec les syndicats. Ils ont tendance à ne les approcher qu’en cas de problème, dans une démarche consumériste, et malheureusement souvent trop tard.
Nous n’avions pas accès aux entreprises, or il faut faire du terrain pour que les gens comprennent les enjeux et aillent voter, déplore Marie-Alice Medeuf-Andrieu.
Les élections TPE sont organisées de manière à montrer que les salariés n’ont pas d’appétence pour les syndicats.
Ironie du sort, cette élection – voulue par la loi de 2008 sur la représentativité syndicale – avec son organisation chaotique, son absence de candidats en chair et en os, son taux de participation proche du ridicule ou la relative confidentialité dans laquelle elle s’est déroulée, constitue la meilleure preuve qu’il est absurde de prétendre que les syndicats doivent asseoir leur légitimité sur leur audience électorale.
#TPE2016 - LA GRANDE ÉLECTION SYNDICALE - FO HEBDO / CLARISSE JOSSELIN