Photographie : F. Blanc (CC BY-NC 2.0) - Journée Culture et Travail du 29 mars : le cinéma par culture travail
Ernest Pignon-Ernest par culture travail
Pourquoi des artistes aux côtés des salariés ?
Remettre du plaisir, de l’émotion et du sens, dans un partage qui ouvre le regard : c’est aussi l’apport des artistes qui interviennent dans les entreprises.
Ernest Pignon a fait un travail autour des maladies professionnelles « invisibles » à Grenoble, en 1976.
Il a rencontré les élus des CE et a travaillé avec les salariés. Le projet a donné lieu à une série de lithographies qu’ils ont ensuite collées, ensemble, sur les murs de la ville et des entreprises.
« En dessinant on suscite la pensée et la main »
En dessinant, on suscite la pensée et la main, explique-t-il. Mes images prennent ensuite leur sens dans les lieux où elles sont collées. C’est le collectif qui a rendu cela possible.
Si les rencontres entre salariés et artistes ou intellectuels se font rares dans les entreprises, le compositeur Nicolas Frize est de ceux qui travaillent inlassablement avec les salariés, à partir des bruits et des sons de l’univers du travail.
« Redonner confiance aux salariés en des savoir-faire qu’ils ne perçoivent plus »
Quand le syndicat considère les « travailleurs » et leur statut, lui s’intéresse au « travaillant », à celui qui met son corps en œuvre dans le travail et dans le monde. Il s’agit de redonner confiance aux salariés en des savoir-faire qu’ils ne perçoivent plus.
Une belle démonstration que l’art redonne du sens au travail. Qu’il a sa place dans le monde, dans tous les mondes.
Comment redonner l’envie de culture à tous ?
Les salariés n’ont pas toujours conscience qu’ils peuvent accéder à la culture, constate Françoise Scholberg, élue au CE de la Caisse nationale d’Assurance vieillesse, qui gère sept médiathèques.
Comment leur donner l’envie d’aller au cinéma, au théâtre, à l’opéra, au musée ou dans les bibliothèques ? Y parler davantage du monde du travail ?
Des salariés de la Redoute jouent leur propre rôle au théâtre
Nora Miloudi, élue FO au CE de La Redoute, a joué cette année son propre rôle au théâtre, avec d’autres salariés et anciens salariés, dans Qui redoute la parole ?.
Une création de la compagnie HDVZ et Les Tréteaux de France. On a montré par le théâtre ce que l’on vivait vraiment dans l’entreprise, on a lutté, ça a été dur, surtout avec 1 178 postes supprimés en 2014, raconte-t-elle, le public s’y est retrouvé. L’émotion était là.
L’émotion et le plaisir pour accéder à la conscience
L’émotion, essentielle pour accéder à l’art, avec le plaisir : La conscience vient au travers de ces deux attrape-conscience, dit le comédien François Marthouret.
Mais comment faire quand les nouvelles organisations du travail nuisent à la disponibilité de l’esprit, questionne Nadia Taïbi, philosophe.
La culture, c’est penser, y compris au sein de l’entreprise.
Photographie : F. Blanc (CC BY-NC 2.0) - Journée Culture et Travail du 29 mars : le cinéma par culture travail
Cinéma, théâtre : Quelle représentation du monde du travail ?
Le monde du travail était très représenté dans le cinéma jusqu’à la fin des années 1950 (Les Temps modernes, La Bête humaine...), puis il s’est fait rare à l’arrivée de La Nouvelle Vague.
Si le travail fait un retour sur le grand écran depuis les années 2000, peu de films en témoignent, reconnaît Stéphane Brizé. Lui-même n’a réalisé qu’un seul film sur le sujet, La Loi du marché, en 2015.
Peu d’ouvriers sur le grand écran
Les ouvriers sont peu représentés au cinéma, constate aussi Robert Guédiguian. Ou ils y sont caricaturés : l’ivrogne, l’ouvrier qui vote FN, des comédies où les travailleurs sont gentils mais cons. Des films violemment antipopulaires et idéologiquement dangereux, dénonce le cinéaste.
Un début d’explication : L’art a toujours eu à voir avec la commande, hier avec les princes, aujourd’hui avec les puissances de l’argent, l’industrie culturelle.
« Un embourgeoisement terrible du théâtre public »
Pour Bruno Lajara, auteur et metteur en scène de théâtre, on doit se réapproprier les moyens de production. Celui qui a choisi de rendre la parole à ceux qui ne l’ont plus, constate une forme d’autocensure.
Son projet sur la catastrophe du Rana Plaza, au Bangladesh, a parfois eu du mal à trouver une salle. Christian Schiaretti, metteur en scène et directeur du Théâtre national populaire de Villeurbanne, pointe un embourgeoisement terrible du théâtre public.
C’est le public qui est subventionné dans le théâtre, rappelle-t-il, aller au théâtre est un acte militant et pas consumériste.
Sourcing: FO Hebdo / FRANÇOISE LAMBERT
Photographie : F. Blanc (CC BY-NC 2.0) - Journée Culture et Travail du 29 mars : le cinéma par culture travail
Quelle reconnaissance pour les artistes, la culture et ses métiers ?
L’art ne serait pas pour les travailleurs. L’idée reçue possède son corollaire : l’artiste ne serait pas un travailleur.
Marie-Ange Rauch, historienne, use de la métaphore véhiculée par la fable de La Fontaine, La Cigale et la Fourmi.
L’étiquette d’insecte parasite colle à beaucoup d’artistes interprètes, relève-t-elle.
L’organisation collective des artistes a contribué à leur considération
Si l’organisation collective des artistes, par exemple dans les cafés-concerts dès la fin du 19e siècle, a donné une reconnaissance et une respectabilité au métier, Erwan Leroux, danseur à l’Opéra de Paris et délégué syndical central, observe : Beaucoup de gens s’imaginent encore aujourd’hui que la culture n’est pas un métier.
Désengagement des pouvoirs publics
La culture en général est confrontée à un manque de considération. En témoigne la disparition des bibliothèques au sein des grandes entreprises. Celle de l’usine Renault du Mans, créée en 1947, a été démantelée en 2004.
Le désengagement des pouvoirs publics est patent.
La culture reste en outre la grande absente des débats de la présidentielle.
Attention, danger !
Sourcing: FO Hebdo / FRANÇOISE LAMBERT
Journée Culture et Travail du 29 mars : le cinéma par culture travail
Le monde du travail dans la culture : Conclusions de la journée
Journée Culture et Travail du 29 mars 2017 : conclusion par culture travail
Conclusions de la journée par Philippe Martinez, Jean-Claude Mailly, Régis Debray
Photographie : F. Blanc (CC BY-NC 2.0) - Journée Culture et Travail du 29 mars : le cinéma par culture travail