LIRE / LIVRE
[Livre] Atlas du street art et du graffiti : L’art de l’urgence
S’il y a un courant artistique qui pose la question « qu’est-ce que l’art ? », c’est bien celui du graffiti et du street art.
D’abord parce que les artistes concernés ne se définissent pas comme artistes au sens académique : dans ce courant, la notion de provocation, de transgression, de protestation est essentielle. C’est un art du défi qui se veut en opposition avec l’ordre établi.
Ensuite parce qu’il porte en lui une contradiction permanente entre l’intention et l’acte, d’une part, et le rendu et la perception de l’œuvre finale d’autre part : le graffiti veut être vu et reconnu mais rester à la marge. D’autant qu’il est aussi un art de l’éphémère.
Sa place est-elle donc dans la rue seulement ou parfois aussi dans les galeries ?
Enfin, parce qu’il regroupe une pluralité de formes artistiques, de médias, d’approches et de visions, ce qui en fait un art protéiforme et multiple.
Néanmoins, au travers des cent treize artistes, des vingt-cinq pays et des seize villes qu’évoque l’ouvrage, émerge une unité dans la volonté d’un message à transmettre (à commencer par l’importance de la lettre), dans celle de marquer le territoire, d’en faire un terrain d’exploration et d’expérimentation.
Il se dégage de ces différents courants une certaine universalité, dessinée dans les influences partagées et les cultures souvent imbriquées.
C’est un art toujours très inspiré, où foisonne une créativité sans frein, plein d’humour, d’ironie et d’émotion.
C’est aussi un art qui interroge, qui dramatise son installation pour attirer, inviter au dialogue, pousser à l’interrogation : le spectateur devient alors un acteur, un complice.
Cela reste néanmoins un art contemporain en cela qu’il se veut lisible et compréhensible par le plus grand nombre mais qu’il reste un art souvent conceptuel, qui se lit et se réfléchit autant qu’il se regarde.
Sourcing: CORINNE KEFES, in FO Hebdo
Atlas du street art et du graffiti, Rafael Schacter, éditions Flammarion, 393 pages, 39,90 euros.
commenter cet article …